L'introduction de nouveaux vaccins dans le calendrier national de vaccination pour une meilleure prévention est la recommandation phare du forum national de l'Omnipraticien. Ce colloque placé sous le thème « Vaccins et Vaccinations » et organisé par la revue médicale Le fascicule de la santé a drainé, jeudi, plus de 600 praticiens toutes spécialités confondues à la Bibliothèque du Hamma. Dans ce domaine, les spécialistes sont convaincus que rien n'est encore acquis. « Alors qu'il y a quelques années, beaucoup avaient l'impression que tout avait été dit en matière de vaccination, il semble aujourd'hui que nous soyons en pleine expansion en ce qui concerne les maladies candidates à la vaccination », a déclaré le Pr Grangaud en signalant qu'il est plus que nécessaire de se doser d'un système de surveillance épidémiologique performant, basé sur des laboratoires aptes à apprécier l'état de l'immunité de la population et à maîtriser la traçabilité des germes. Dr A Salah Laouar, initiateur de cette rencontre, dira que le choix de ce thème vise à attirer l'attention des pouvoirs publics sur le déficit flagrant en matière de virologues. Pour le professeur Nafti, chef de service des maladies respiratoires au CHU Mustapha Bacha, la politique de vaccination contre les maladies respiratoires est largement insuffisante, vu la prévalence importante des infections respiratoires. « Un Algérien sur trois souffre de problèmes et/ou d'infections respiratoires », a-t-il dit. Il a plaidé pour la mise en place d'une véritable stratégie de santé publique, en « consacrant un budget conséquent qui puisse répondre aux besoins réels des malades ». Il est enregistré annuellement 20 000 nouveaux cas de tuberculeux dont 9000 contagieux. A côté, on recense 800 000 asthmatiques, dont 60% bénins, 20% modérés et 10% sévères. Pour lui, il est impératif d'adopter une politique préventive et non curative trop coûteuse. Il cite, ainsi, les trois principaux vaccins indispensables qui doivent constituer une priorité politique, à savoir le vaccin antigrippal, le vaccin contre les infections à pneumonoques et le vaccin contre les infections à haemophilus influenza de type B et sans exclure l'introduction d'autres vaccins. La vaccination contre les virus associés aux cancers est l'un des chapitres importants de cette journée. Il est question, en fait, de l'éradication du cancer du col de l'utérus. Chose qui est devenue aujourd'hui possible, selon le Pr Bouzid, chef de service d'oncologie au centre Pierre et Marie Curie. Pour lui, il est impératif de renforcer le programme national de dépistage du cancer du col de l'utérus. La mise sur le marché, a t-il ajouté, de vaccins anti-HPV, efficaces à 100% contre les sérotypes oncogènes les plus fréquents, sans effets secondaires, « ouvre des perspectives immédiates d'éradication de l'infection à HPV ». Il a indiqué que ce vaccin peut être proposé à titre thérapeutique chez les femmes déjà infectées dont le taux de réponse est de 67% et il sera à la charge des patientes et remboursé intégralement. Il a proposé, ainsi, son introduction dans le calendrier de vaccination à la charge de l'Etat comme toute action de prévention primaire. « L'estimation du coût induit par ces deux modes d'utilisation est largement en faveur de cette démarche plutôt que la démarche curative ou celle privilégiant d'abord le dépistage », a t-il souligné. Le vaccin préventif contre la gastro-entérite provoquée par le virus Rota mérite, aussi, selon Dr Alain Bouckenooghe, responsable pour le développement des programmes des vaccins au laboratoire GSK , d'être introduit dans le calendrier vaccinal. Un vaccin qui protège les nourrissons âgés entre 0 et 24 mois, des conséquences très sévères de cette maladie. « La maladie devient asymptomatique lorsque l'enfant est vacciné », a-t-il précisé en signalant que le dossier pour l'enregistrement de ce produit est au niveau du ministère de la Santé depuis 2001. La couverture vaccinale est assurée à plus de 90% en Algérie dans le cadre du Programme élargi de vaccination (PEV), selon Dr Fourar, sous-directeur chargé de la santé mère-enfant au ministère de la Santé. La couverture vaccinale contre la tuberculose et la rougeole est atteinte à 98% pour la tuberculose et 99% pour la rougeole, la vaccination contre l'hépatite B est assurée à 97% pour la première prise et 83% pour la troisième prise, a-t-il ajouté. Il a par ailleurs indiqué que l'achat d'autres vaccins est à l'étude au ministère, tels que les vaccins contre l'hémophilus influenza B, efficace contre la pneumo-méningite et le cancer du col de l'utérus.