La réforme du système des subventions devait inéluctablement être inscrite comme l'une des priorités dans le plan du gouvernement, d'autant qu'elle fait l'objet des recommandations émises, depuis plusieurs années déjà, par bon nombre d'experts nationaux et étrangers, dont ceux du FMI. Ce dernier note, dans un rapport l'année dernière, que les subventions «devraient être progressivement éliminées et un système de transferts monétaires bien ciblés devrait être mis en place pour protéger les consommateurs vulnérables». Selon l'institution monétaire, en 2015, le soutien aux prix a coûté à l'Etat 13,6% du PIB, dont la moitié représente des subventions énergétiques. Et de préciser qu'outre leur coût budgétaire, les subventions sont pour la plupart régressives, c'est-à-dire que les ménages du quintile le plus riche dépensent en moyenne six fois plus en produits énergétiques subventionnés que les ménages du quintile le plus pauvre. Dans le détail, le FMI affirme qu'en 2013 pas moins de 2293 milliards de dinars ont été consacrés aux subventions, dont 926 milliards de dinars sont des subventions explicites et 1367 milliards de dinars sont des subventions implicites. Selon une étude réalisée par l'économiste et ancien ministre Abdelmadjid Attar, le montant des subventions publiques pour l'année 2016 s'est élevé à 27,7 milliards de dollars, dont plus de la moitié représente des subventions indirectes. Par catégories, l'enveloppe allouée aux subventions indirectes a atteint 15,3 milliards de dollars, soit 55,23% de l'ensemble des subventions, alors que le secteur de l'habitat a bénéficié de 4,7 milliards de dollars (16,96%), contre 4,5 milliards de dollars pour les familles et les produits de base (16,24%), et 3,2 milliards de dollars pour le santé (11,55%). Des estimations plus détaillées du FMI montrent que les subventions pour le logement ont été de 357 milliards de dinars en 2015, et celles pour les produits alimentaires de 225 milliards. Les services en rapport avec l'éducation ont capté 109 milliards de dinars de subventions, alors que les carburants, l'électricité et le gaz ont nécessité pas moins de 1300 milliards, selon le FMI toujours. D'où l'augmentation dangereuse des dépenses publiques enregistrée ces deux dernières années et une vulnérabilité budgétaire accentuée par la chute des cours du pétrole. L'institution monétaire souligne, par ailleurs, qu'une campagne de communication bien conçue est essentielle pour mobiliser un vaste soutien en faveur de la réforme, tout en expliquant combien coûtent les subventions (y compris les distorsions qu'elles créent), qui en bénéficie, et en quoi le public en général profitera de la réforme.