Ce développement majeur intervient sur fond d'une profonde crise entre le Qatar d'une part et l'Arabie Saoudite et ses alliés de l'autre, après la rupture, le 5 juin, des relations avec les autorités de Doha, accusées de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l'Iran. En nommant son fils Mohammed Ben Salmane prince héritier, le roi Salmane a modifié, par décret, l'ordre de succession, qui était jusque-là exclusivement réservé aux fils directs du fondateur du royaume, Abdel Aziz, pour l'élargir aux petits-fils de ce dernier. Cela ouvre la voie au prince Mohammed Ben Salmane de succéder à son père en cas de vacation du pouvoir, mais aussi à la deuxième génération des Al Saoud de monter sur le trône. Selon le décret royal publié par l'agence officielle Spa, Mohammed Ben Salmane est nommé également vice-Premier ministre tout en gardant ses fonctions de ministre de la Défense. Le prince Mohammed Ben Nayef a été également évincé de ses fonctions de vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, selon la décision du roi. Le souverain a nommé par décret le prince Abdel Aziz Ben Saoud Ben Nayef Ben Abdel Aziz Al Saoud, ministre de l'Intérieur. Le souverain saoudien avait invité les membres de la famille royale et les hauts responsables à se rassembler hier soir dans son palais de La Mecque pour faire allégeance au nouveau prince héritier. Ayant la réputation de réformateur, Mohammed Ben Salmane cumulait jusqu'ici plusieurs portefeuilles : ministre de la Défense, deuxième vice-Premier ministre, conseiller spécial du souverain et, surtout, il préside le Conseil des affaires économiques et de développement, organe qui supervise Saudi Aramco, la première compagnie productrice de pétrole au monde. Sa nomination comme héritier du trône a été cautionnée par 31 des 34 membres du Conseil d'allégeance, selon la télévision d'Etat El Ikhbariya. Le Conseil d'allégeance a notamment pour rôle de désigner le prince héritier à la majorité de ses membres. Il avait été créé à la suite d'une réforme des modalités de succession introduite en 2006 pour assurer une transition pacifique du pouvoir dans cette monarchie ultraconservatrice du Golfe, première puissance pétrolière mondiale.