C'est désormais un rituel pour les ménagères de renouveler leur vaisselle à la veille de Ramadhan. Assiettes, bols, marmites, verres à eau, corbeilles à pain, thermos, plateaux : les étals de vaisselle ont vite fait de remplacer ceux des cartables et fournitures scolaires. Tradition ou simple habitude ? « C'est une sorte de fel pour que le Ramadhan soit doux et sucré comme le miel », nous explique une sexagénaire. Les camelots de la rue Meissonier ont envahi tous les espaces. Des montagnes de vaisselle sont dressées sur des comptoirs improvisés. Côté client, c'est le grand rush. Des essaims de ménagères papillonnent autour des étals. Elles jouent des coudes, touchent, palpent, comparent et s'enquièrent du prix de chaque article. « 200 DA les quatre bols, s'égosille le vendeur, 50 DA l'assiette et 500 DA la grande friteuse ! Et inutile de marchander. Nulle part ailleurs vous ne trouverez des prix aussi alléchants ! » Number one du hit-parade des ventes : les bols et les assiettes destinés à accueillir chorba, lham lehlou, tadjine zitoun et autres spécialités ramadhanesques. Puis viennent les verres à eau, les nappes et les serviettes de table. Une dame affairée par ses emplettes nous révèle : « C'est le seul mois durant lequel toute ma famille se retrouve à table en même temps, tous les soirs. C'est l'occasion de leur faire honneur avec une meïda garnie avec de la belle vaisselle. Le plaisir du palais passe d'abord par celui des yeux ! » Côté denrées alimentaires, les ménagères ont déjà commencé à stocker les produits indispensables à la préparation des plats et gâteaux traditionnels : tomates en conserve (80 DA), pois chiche (100 DA le kilo), blé concassé (frik) (180 DA), cacahuettes (150 DA), amandes (750 DA), abricots secs (450 DA), pruneaux (280 DA), raisins secs (320 DA)... Comme à l'accoutumée, les prix ont décollé, faisant grincer des dents les démunis.