Tradition n La vaisselle en terre cuite retrouve sa place dans les foyers auressiens durant le ramadan, servant notamment à préparer la chorba ou à faire cuire la galette. Les femmes trouvent, durant ce mois, l'occasion de concocter des plats traditionnels authentiques et sortent pour cela les marmites en terre cuite que l'on voyait dans les cuisines de nos grand-mères. Selon un commerçant installé au centre-ville, le chaudron en terre cuite rouge qui sert à la cuisson des soupes et autres plats mijotés, est très demandé. Il souligne que la résistance au feu et aux amplitudes thermiques de ces marmites est supérieure aux récipients en pyrex. Pour la somme de 400 à 500 DA, les ménagères se dotent de cette marmite qui, dit-on, permet aux aliments de conserver toute leur saveur. Pour gagner du temps, certaines femmes qui travaillent, y font mijoter à feu très doux la chorba le temps voulu. Quant au tadjine destiné à la cuisson de la galette, il est dans chaque foyer auressien où la consommation du pain se limite aux brioches durant ce ramadan. Ces tadjines pour cuire le pain traditionnel sont vendus par des femmes telle Yemma Messaouda qui le fabrique elle-même. Durant le ramadan, cette vaisselle traditionnelle est vendue un peu partout, mais plus particulièrement à la Rahba, le vieux marché aux épices du centre-ville de Batna. Les potières, qui vendent le tadjine à 280 DA, proposent leurs marchandises en face de la mosquée Al-Masdjid El-Atik du centre-ville. Elles vont chercher elles-mêmes l'argile qu'elle préparent, façonnent, font cuire au feu de bois après avoir pris le soin de bien faire sécher au soleil leurs objets en argile. Ce métier artisanal n'est toutefois pas spécifique à la région des Aurès. La plupart des zones rurales des wilayas du nord et de l'intérieur du pays ont connu ce métier qui tend, malheureusement, à disparaître ces dernières années. Les vieilles, épuisées et impuissantes, ne peuvent réagir devant cette jeune génération de femmes qui n'accordent aucun intérêt à ce pilier de la culture algérienne. En Kabylie, terre de la poterie par excellence, la fête annuelle organisée dans la commune de Maâtkas, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, connaît moins d'engouement ces dernières années. Le nombre d'exposants et de visiteurs se fait de plus en plus rare et ce, depuis près de cinq ans. Les Auressiens, comme les Kabyles et d'autres habitants des régions du nord du pays sont aujourd'hui contraints d'acheter la vaisselle en argile à des prix exorbitants.