Identification des candidats, déploiement des surveillants, réquisition des agents de sécurité, réouverture des centres d'examen… autant de soucis techniques qui viennent s'ajouter à la polémique que soulève cette deuxième chance donnée aux retardataires de la première session. La session spéciale au profit des candidats au baccalauréat, exclus de la première session pour cause de retard, est prévue du 13 au 18 juillet 2017, a annoncé hier dans un communiqué le ministère de l'Education nationale, précisant que le vendredi 14 juillet sera jour de repos pour les candidats. Le ministère a indiqué que deux périodes ont été proposées : l'une à partir du 7 juillet 2017 et l'autre à partir du 13 juillet 2017. Finalement, c'est la deuxième proposition (du 13 au 18 juillet) qui a été retenue. Pourtant une autre date avait été annoncée la veille. Le Premier ministre, Abdelmalek Tebboune, avait en effet annoncé, lors d'une conférence de presse, que «la session spéciale au profit des candidats exclus pour cause de retard sera organisée du 7 au 13 juillet». Des syndicalistes dénoncent «une cacophonie» et des «décisions contradictoires imposées d'en haut» au mépris des principes pédagogiques : Nouria Benghabrit devait discuter des variantes proposées par ses partenaires sociaux lors de la commission interministérielle prévue hier. «Durant la réunion de mercredi, Madame la ministre nous a promis de transmettre fidèlement nos propositions à la commission interministérielle qui tiendra sa réunion vendredi (hier). La décision devait être annoncée le soir. Mais à notre grand étonnement, jeudi soir on a appris que la décision a été prise pour organiser cette session du 13 au 17 juillet, et ce matin encore du 13 au 18 juillet. Ce n'est pas sérieux et c'est irréfléchi. Les décisions se prennent dans la précipitation sans l'aval des partenaires sociaux et de Madame la ministre», regrette Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, qui a proposé, lors de la réunion au ministère, la tenue de la session spéciale à la rentrée de septembre, «comme pour l'année dernière après les fuites au bac». Des problèmes logistiques importants devraient se poser à l'occasion de la session : identification des candidats, déploiement des surveillants, réquisition des agents de sécurité, réouverture des centres d'examen, etc. Les syndicats, comme le CLA, a rappelé, dans un communiqué, le droit des encadreurs à une période de repos «pour qu'ils puissent récupérer afin d'aborder la prochaine année scolaire dans de bonnes conditions». «Je reprends mon bâton de pèlerin» «Les enseignants signeront leurs PV de sortie le jeudi prochain (le 6 juillet). Ils seront convoqués pour surveiller le bac pour le jeudi d'après (le 13). Mais ces mêmes enseignants épuisés par la surveillance des différents examens (BEM et bac) et du concours de recrutement des enseignants et des administrateurs sont en principe en congé et n'auront donc aucun lien avec leurs établissements. Comment leurs convocations leur seront-elles remises ?» s'interroge le secrétaire général du Satef. Se positionnant «clairement» contre la deuxième session, la fédération éducation du Snapap regrette une décision politique irréfléchie et appelle la tutelle à prendre ses responsabilités. «Nous ne préparons pas le bac. Au ministère d'organiser et d'assumer la décision du pouvoir. Surtout que le personnel sera en vacances», tranche Nabil Ferguenis, porte-parole de la fédération affiliée au Snapap. L'annonce des résultats de l'examen du baccalauréat, prévue initialement le 15 juillet, devrait être reportée à une date ultérieure. Le secteur traverse une énième zone de turbulences, après les ordres et les contre-ordres que doivent gérer le personnel éducatif. «Nos décideurs persistent dans la fuite en avant. Toutes ces décisions irréfléchies nous découragent et nous poussent à réagir brutalement et cela ne va pas dans l'intérêt de nos écoles et de nos enfants. Si c'est le départ de la ministre qu'ils cherchent, qu'ils la dégomment réglementairement, mais qu'ils laissent l'école algérienne et nos enfants tranquilles», s'offusque Amoura. La ministre a déclaré à ses interlocuteurs qui ont remarqué son abattement qu'elle «reprenais son bâton de pèlerin». Une réponse à peine voilée à ses détracteurs ou même ses partisans qui ont décelé chez elle une volonté de démissionner après l'ukase présidentiel.