Le niveau global de la liquidité bancaire a connu, ces deux dernières années, une contraction drastique de près de 67%, suite à la chute des prix du pétrole qui dure depuis la mi-2014. La Banque d'Algérie (BA) doit désormais faire face au défi majeur de mener une nouvelle politique monétaire qui concilie à la fois les besoins de soutenir le financement de la croissance et sa mission première de stabiliser l'inflation. C'est en effet ce qu'a fait comprendre le gouverneur de la BA, Mohamed Loukal, lors d'une rencontre organisée avant-hier à Alger par la Société internationale d'économétrie et à laquelle ont pris part de nombreux experts internationaux, dont notamment le prix Nobel d'économie, Jean Tirole. Retraçant l'évolution des indicateurs macroéconomiques et monétaires de l'Algérie, Mohamed Loukal a ainsi indiqué que le niveau global de la liquidité bancaire a connu, ces deux dernières années, une contraction drastique de près de 67%, suite à la chute des prix du pétrole qui dure depuis la mi-2014. Aussi, a-t-il rappelé, même si le secteur bancaire demeure, dans l'ensemble, encore bien capitalisé, rentable et résilient, la BA a déjà procédé à l'arrêt de son ancienne politique de reprise de liquidités, tout en réactivant les instruments monétaires de réescompte et d'Open-market qui permettent de refinancer les banques. Dans le contexte actuel, insiste cependant le gouverneur de la Banque centrale, le défi majeur est de fixer un nouveau cap de politique monétaire qui permette à la fois de stabiliser les prix et la situation des finances publiques, tout en continuant à favoriser le financement de la croissance économique. En clair, il s'agira désormais pour la BA d'œuvrer à maintenir un rythme acceptable pour les crédits à l'économie pour ne pas décourager la croissance, tout en veillant à ne pas alimenter davantage l'inflation, en desserrant l'étau sur l'expansion monétaire. Ainsi, alors que le niveau de liquidité bancaire est en forte baisse et que les banques sont pour ainsi dire mises sous pression de soutenir le financement de la croissance, la tentation de recourir à la planche à billets risque d'être de plus en plus grande, selon nombre d'observateurs. Une option qui ne serait cependant pas encore à l'ordre du jour, se contentent d'assurer des responsables de la place bancaire, évoquant notamment en guise d'arguments la situation globalement soutenable du secteur bancaire et, surtout, les impératifs de ne pas trop laisser filer le rythme de l'inflation... De fait, comme a si bien tenu à le rappeler Mohamed Loukal, la maîtrise de la politique monétaire et la stabilisation des prix figurent parmi les missions principales de la Banque centrale. Après avoir été contenu durant plusieurs années à des niveaux moyens ne dépassant pas les 3,5%, le rythme de l'inflation, faut-il enfin relever, a atteint plus de 8% en janvier dernier. Dans sa dernière évaluation, publiée la semaine passée, l'Office national des statistiques (ONS) situe l'évolution du taux d'inflation moyen annuel à 6,9% pour les cinq premiers mois de 2017. Un indicateur qui ne facilite guère la mise en adéquation des nouvelles exigences de soutien à la croissance et la nécessité de maintenir une politique monétaire qui soit à la fois saine et rigoureuse.