Le Fonds monétaire international (FMI) recommande à l'Algérie de mettre en place «un dispositif de résolution des crises» dans le secteur bancaire, compte tenu, estime-t-il, «des risques croissants» qui pèsent sur la stabilité financière du pays en raison du choc pétrolier. En effet, dans son rapport annuel sur l'économie nationale, publié jeudi dernier en conclusion à ses consultations avec l'Algérie au titre de l'article IV de ses statuts, le FMI ne manque pas de prévenir contre la fragilité du secteur bancaire local dans un contexte de crise majeure, caractérisé notamment par la raréfaction des ressources financières suite à la chute des revenus pétroliers. En ce sens, préconisent les administrateurs de l'institution de Bretton Woods, les autorités bancaires locales sont d'emblée appelées à «accélérer le passage à un dispositif de contrôle basé sur le risque, à accroître le rôle de la politique macro-prudentielle et à renforcer la gouvernance des banques», et ce, même si le secteur bancaire algérien, admettent-ils, «reste dans son ensemble bien capitalisé et rentable». Dans ce même ordre d'idées, le FMI juge plutôt judicieux le choix de la Banque d'Algérie (BA) d'instaurer des opérations d'open market, qui consistent, rappelle-t-on, en des interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire pour l'achat ou la vente de titres contre remise de liquidités aux banques qui en manquent. A contrario, les administrateurs du Fonds n'hésitent pas à recommander clairement à la Banque d'Algérie d'éliminer sans tarder les opérations de réescompte afin, soutiennent-ils, d'inciter les banques à gérer leurs liquidités de manière plus efficace. Aussi, observent-ils dans leur rapport sur l'Algérie, «étant donné les tensions inflationnistes», l'autorité monétaire locale devrait se tenir prête à relever les taux directeurs. Mis en veille depuis près de 15 ans en raison d'un contexte de surliquidité bancaire, le dispositif de réescompte à travers lequel la Banque centrale intervient pour refinancer les banques primaires en difficulté a été, rappelle-t-on, réinstauré en 2016 pour faire face à la forte contraction du niveau de liquidité bancaire, engendrée notamment par la baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures. Sous la contrainte de la crise pétrolière, la Banque d'Algérie a ainsi décidé de revenir dès le deuxième semestre de l'année écoulée au refinancement des banques primaires à travers l'injection de liquidités nécessaires au financement de l'investissement. D'un montant global de 1833 milliards de dinars à fin 2015, le niveau de liquidité bancaire s'est contracté à quelque 1000 milliards de dinars en janvier 2017, alors que le rythme des crédits à l'économie est resté exponentiel, d'après les données de la BA. Selon la même source, la crise de liquidité bancaire observée l'année dernière n'aura concerné concrètement que deux banques primaires du secteur public, d'où la reprise par la Banque centrale des opérations de refinancement par le réescompte depuis août dernier pour un montant global de quelque 450 milliards de dinars, injecté sous forme de prêts aux banques à un taux de réescompte stabilisé à 3,5%.