Le comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa se montre plus que jamais déterminé à aller jusqu'au bout de son combat pour la libération du projet bloqué de l'unité de trituration de graines oléagineuses. Il le montre en appelant à une marche populaire pour la matinée de demain en reprenant le même itinéraire du 25 mai dernier : Cevital-siège de la wilaya. «L'accostage des bateaux, le déchargement des équipements au port de Béjaïa et la réalisation de l'usine» sont les revendications reprises à l'occasion, mais auxquelles on adjoint désormais deux autres : «Le départ immédiat et inconditionnel du directeur du port de Béjaïa et l'ouverture d'une enquête sur sa gestion douteuse» et «une répartition juste et équitable des investissements et de la richesse dans notre pays». La marche s'ébranlera demain avec dans l'esprit des protestataires les propos plus ou moins rassurants du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, qui s'est engagé devant les députés à «intervenir personnellement» dans la prise en charge de ce dossier. «On salue cette déclarations et on attend», répond Mourad Bouzidi, porte-parole du comité et non moins opérateur économique. Au sein du comité, l'engagement de Tebboune est considéré comme «une petite victoire» dans ce conflit qui s'est mu en un incessant bras de fer entre Cevital et le PDG du port, Djelloul Achour, qui a pointé du doigt, sur un site d'information électronique, «des mercenaires clandestins autoproclamés, stimulés certainement par Cevital». Le conflit enfle et prend des proportions inquiétantes. L'APW de Béjaïa, restée jusque-là muette, a programmé une session dédiée exclusivement à la PME-PMI pour le 12 juillet prochain. Elle permettra aux partis qui y siègent de se prononcer sur ces blocages, notamment de la part du FFS dont la rencontre annoncée avec le PDG de Cevital ne s'est pas encore tenue. «On a longtemps accusé les élus de bloquer le développement de la wilaya. Ce sera l'occasion pour eux de répondre à leurs détracteurs», estime, dans une conférence de presse tenue hier, Kaci Sayad, président du comité qui attend du nouveau gouvernement qu'il fasse bouger l'économie. Abdelmadjid Tebboune est attendu sur ce dossier qui relève de l'économie nationale. Il sera interpellé à travers la marche de demain, où seront lues une déclaration destinée aux autorités du pays et une demande d'audience au Premier ministre après les deux précédentes restées sans réponse de la part de Abdelmalek Sellal. «Le contraste est frappant entre le discours du Premier ministre qui encourage l'investissement privé et l'entêtement du directeur du port qui se substitue à toutes les directions pour bloquer le projet», déclare Mourad Bouzidi. Pour celui-ci, cette marche «est une occasion pour la population de porter ses revendications socioéconomiques afin qu'elle ne soit pas amenée à aller chercher du travail ailleurs». Il est convaincu que des forces occultes font tout pour que les opérateurs économiques aillent investir loin de la région. L'élargissement de la composante de ce comité de soutien, qui s'est renforcé avec l'installation de trois comités à Akbou, Adekar et Souk El Tenine, et «l'adhésion de la société civile» justifient, aux yeux des organisateurs, l'ambition de donner à la marche de demain son caractère populaire. «On défend tous les investissements bloqués dans la wilaya», ajoute Djamel Bouchetta, opérateur économique et vice-président du comité, qui relève qu'il est étonnant qu'au moment où le wali de la wilaya de Béjaïa s'est exclamé que 3000 milliards de centimes de projets sont gelés dans la wilaya, «on bloque Cevital qui, de surcroît, réalisera des projets avec ses propres moyens».