L'affaire du refus opposé par la direction du port de Béjaïa à l'accostage des navires transportant des équipements importés par Cevital et destinés à un projet de trituration de graines oléagineuses prend une nouvelle tournure. Les membres du comité de soutien aux travailleurs de Cevital ont décidé de recourir à la rue pour se faire entendre des autorités politiques. En effet, dans une déclaration rendue publique hier, à l'issue d'une réunion, ils ont appelé à une marche populaire dans les rues de Béjaïa. La manifestation est prévue demain jeudi à partir de 10h. Elle démarrera de l'entreprise Cevital vers le siège de la wilaya. Elle sera suivie, sur place, d'un rassemblement pour exiger, énumèrera-t-on, "l'octroi des autorisations d'investissement au groupe Cevital ; la levée de toute menace de démantèlement de l'entreprise Cevital avec le prolongement de son exploitation pour une durée indéterminée ; l'autorisation de réalisation des projets structurants proposés par Cevital dans les cadres de l'environnement, de la santé et des loisirs, etc.". Ils appellent, en outre, à "la levée de toutes les sanctions dont sont victimes les travailleurs et leurs représentants au niveau de notre wilaya (PTT, Sonelgaz et Œuvres universitaires)". Les membres du comité, qui regroupe des opérateurs économiques, à l'instar de MM. Bouzidi et Boucheta, des syndicalistes dont MM. Benmouhoub et Bekhouche, des animateurs associatifs, des élus de diverses tendances politiques, des militants politiques du RCD, de Talaïe El-Houriat et des représentants de commerçant ont souligné dans leur missive qu'ils ont été alertés par les travailleurs de Cevital sur la crise qui les touche de plein fouet et que, interpellés par cette situation "très préoccupante", ils se sont réunis, mardi dernier, afin d'en débattre. C'est pour eux, disent-ils, une occasion de réitérer leur soutien "indéfectible et inconditionnel aux travailleurs de Cévital" et de dénoncer avec véhémence les faits suivants : 1- "Les blocages délibérés et volontaires des pouvoirs publics des investissements du groupe Cevital, dont la création de plus de 1 000 emplois directs à Béjaïa et plus de 4 500 emplois à Boukhlifa (Tichy)." 2- Les décisions de justice jugées contradictoires : le premier verdict rendu en faveur de l'entreprise, puis 24 heures après, un deuxième verdict venu remettre en cause le premier, "quant à l'accostage du navire transportant le matériel nécessaire pour l'installation de cette nouvelle unité". 3- "Les menaces de démantèlement et les attaques, par les pouvoirs publics, proférées à l'encontre de l'entreprise Cevital de Béjaïa." 4- "Les suspensions dont sont victimes les représentants des travailleurs des PTT, des œuvres universitaires et (de la filiale) de Sonelgaz." Par ailleurs, le comité de soutien aux travailleurs de Cevital dit condamner énergiquement "l'isolement, l'exclusion et la marginalisation dont est victime (la) wilaya dans la réalisation de grands projets structurants". Ils ont cité la pénétrante autoroutière, le CHU, le stade, la raffinerie, les zones industrielles et d'activités, le développement du tourisme et autres projets d'investissements, tous bloqués, gelés ou annulés par les pouvoirs publics ou le pouvoir politique. Ils interpellent ce même pouvoir politique, l'invitant à mettre fin à ces blocages et de permettre aux travailleurs d'exercer et surtout d'accomplir leur mission dans de bonnes conditions, sans menaces ni injures. Ce n'est qu'ainsi qu'une relance des investissements socioéconomiques dans notre wilaya sera possible et que seront, par là même, générés des milliers d'emplois. Ils ne comprennent pas qu'au moment où le pays traverse une crise multidimensionnelle, politique, économique, sociale et culturelle — et dont les conséquences sont désastreuses sur les travailleurs et leurs familles —, les pouvoirs publics trouvent encore les moyens de bloquer tout investissement dans notre wilaya. Et, paradoxalement, ces mêmes décideurs doivent faire face à des travaux d'Hercule. Ils ont, affirmera-t-on, "à résoudre les problèmes quotidiens que vit le peuple : le chômage endémique, le travail, le logement, la santé, la scolarité et le bien-être des citoyens". Ils n'ont pas manqué de dénoncer, en outre, la "politique de deux poids, deux mesures", évoquant "l'implantation d'usines de même type" dans une autre région, pendant qu'à Béjaïa, on empêche la concrétisation d'un investissement dont le porteur dispose de toutes les autorisations prévues par la loi. M. Ouyougoute