L'Unesco est intervenue hier dans le conflit du Proche-Orient et a mis, à cette occasion, les choses au clair. Son Comité du patrimoine mondial a déclaré la vieille ville d'Al Khalil, en Cisjordanie occupée, «zone protégée», en tant que site «d'une valeur universelle exceptionnelle». Un vote acquis à la majorité de ses membres et salué comme il se doit par l'Autorité palestinienne qui l'a qualifié de «succès». Un de plus, mais jamais de trop dans la longue marche du peuple palestinien pour recouvrer ses droits nationaux et préserver son identité. Car c'est bien de cela qu'il s'agit face à une opération d'usurpation aussi bien des biens que du patrimoine qui font l'histoire du peuple palestinien. Al Khalil abrite une population de 200 000 Palestiniens, vivant près de la mosquée du Prophète Ibrahim. Les Palestiniens estiment à juste titre que le site est menacé par la montée jugée «alarmante» du vandalisme contre des propriétés palestiniennes dans la vieille ville, menée par les colons israéliens installés dans la cité. C'est là et plus précisément au sein de cette mosquée qu'a été perpétré, le 25 février 1994, un effroyable massacre, lors duquel 29 Palestiniens ont été tués et 125 autres blessés. Cela s'est passé lors de la prière du vendredi, en plein mois de Ramadhan. Et même, ajoutera-t-on, en plein processus de paix palestino-israélien, conclu quelques mois auparavant. Une attaque que les autorités israéliennes se sont empressées d'attribuer à un déséquilibré. Peu convaincant, sinon pas du tout, car cela faisait un peu trop de déséquilibrés en liberté bien entendu, et qui ne s'attaquent qu'aux Palestiniens, et l'opération de terreur ainsi enclenchée depuis la création d'Israël en 1947 consiste à semer la peur au sein de la population palestinienne et l'amener à opter pour l'exil. Mais dans tous les cas, les colons sont accompagnés de soldats israéliens. Ces derniers sont chargés d'assurer leur sécurité pendant qu'eux s'en prennent aux Palestiniens, leurs biens et leur patrimoine ainsi que leurs symboles identitaires. Une colonisation sans risque mise sur le compte de quelques individus, menée, dit-on encore souvent, par des colons, et quand cela paraît excessif, elle est attribuée à des extrémistes, un concept à rapprocher du sionisme lui-même considéré par des institutions internationales comme une forme d'extrémisme. Ou encore un système proche de l'apartheid. A cet égard, la résolution 3379 du 10 novembre 1975 considère que «le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale». En février 2007, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU comparait les actions d'Israël à l'apartheid. Il s'agit en fait d'une politique d'Etat qui consiste à accaparer autant que possible des territoires palestiniens, effacer toute trace de leur identité et empêcher la création d'un Etat palestinien. En ce sens, l'acte le plus récent est l'extension de la colonisation à de nouveaux territoires palestiniens en Cisjordanie décidée par Israël et que pas le moindre Etat à travers le monde n'a reconnu. Un désaveu, ou encore un refus de l'injustice.