Le Premier ministre irakien, Haider Al Abadi, a proclamé hier la libération de Mossoul et la «victoire» contre Daech. «M. Abadi arrive dans la ville libérée de Mossoul et félicite les combattants héroïques et le peuple irakien pour cette victoire majeure», a déclaré son bureau dans un communiqué. Mossoul, seconde plus grande ville d'Irak, avait une importante dimension symbolique Daech. Son chef, Abou Bakr Al Baghdadi, y avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après la proclamation d'un «califat» sur les vastes territoires conquis par Daech en Irak et en Syrie. Le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique en avait même fait sa capitale. La reprise de la ville intervient au terme d'une offensive lancée le 17 octobre dernier par les forces irakiennes, soutenues par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Les forces irakiennes avaient capturé(reconquis), en janvier, l'est de la cité puis attaqué l'ouest en février. Les combats se sont ensuite intensifiés à mesure que l'étau se resserrait sur les terroristes dans la vieille ville, un espace étroit et densément peuplé. Ces derniers jours, les terroristes encore présents à Mossoul étaient assiégés dans un réduit de la vieille ville, le long du Tigre. Le commandement irakien des opérations conjointes a annoncé hier que les forces de sécurité avaient tué «30 terroristes» qui tentaient de s'enfuir en traversant le fleuve, qui sépare la cité en deux. Selon l'ONU, les neuf mois de campagne militaire ont entraîné une crise humanitaire majeure, marquée par la fuite de près d'un million de civils, dont 700 000 sont toujours déplacés. D'après la même source, les civils piégés dans la ville ont vécu dans des conditions «terribles», subissant pénuries en tout genre, bombardements et intenses combats et servant de «boucliers humains». La reconquête de la seconde plus grande ville d'Irak est la plus importante victoire de l'Irak face à l'EI. Mais elle ne marque pas pour autant la fin de la guerre contre Daech, responsable d'atrocités dans les zones sous son contrôle et d'attentats meurtriers dans le monde. L'EI contrôle toujours quelques zones en Irak, notamment les villes de Tal Afar (50 km à l'ouest de Mossoul) et Hawija (environ 300 km au nord de Baghdad) et des zones désertiques de la province d'Al Anbar (ouest), comme la région d'Al Qaïm, frontalière de la Syrie. Daech tient également des territoires dans l'est et le centre de la Syrie, dont la vallée de l'Euphrate autour de Deir Ezzor, même s'il a perdu du terrain depuis 2015 et que son fief de Raqqa (nord) est assiégé par des forces soutenues par Washington.