C'est un scénario dramatique pour des habitants qui se retrouvent à la rue, alors qu'ils ne savent même pas à qui s'adresser. Depuis le lancement, le 4 juillet, des premières opérations de relogement des familles habitant les sites précaires, d'importantes démolitions de ces constructions ont été menées par les autorités locales sans qu'il y ait de contestations ou résistance de la part des habitants. C'est d'ailleurs ce qui a été médiatisé par les responsables de la wilaya, mais la réalité est toute autre. Du jour au lendemain, plusieurs familles exclues du relogement, après la démolition de leurs maisons, se sont retrouvées à la rue. Elles ne savent même pas quoi faire ni à qui s'adresser. Parmi les nombreux cas recensés, on citera celui des deux familles Azzabi, composées respectivement de 5 et de 4 membres. Ces deux familles habitaient une seule maison de trois chambres au quartier Chalet des Pins sur la route de Batna. Ses membres, qui ont pris attache avec El Watan, soutiennent qu'ils ont été exclus abusivement par les services de la daïra de Constantine avec la complicité du comité de quartier. «J'étais sidérée le jour du relogement en constatant que j'ai été exclue de cette opération, sans que je sois informée de ma suspension de la liste des bénéficiaires. Pourtant je suis divorcée depuis 2011, date à laquelle j'ai déposé mon dossier et j'ai fait l'objet du recensement ; j'ai expliqué au comité de quartier que je vis moi et ma fille avec mon père et la petite famille de mon frère», a déclaré Linda Azzabi. Et d'ajouter qu'elle a déposé un recours en attendant une réponse de la part de l'administration, mais en vain. Notre interlocutrice se demande sur quel critère l'administration s'est basée, pour attribuer un seul logement de trois chambres à deux familles, de neuf personnes. Elle a estimé qu'ils vivent toujours dans les mêmes conditions déplorables. Car, selon ses dires, les appartements attribués sont très étroits. Les larmes aux yeux, Linda Azzabi, réclame l'intervention du wali pour mettre un terme à leur souffrance. Devant les bâtiments de l'UV 20 à Ali Mendjeli, les meubles des habitants exclus sont abandonnés dans la rue, depuis trois semaines. «Quand nous avons refusé de quitter nos constructions, l'administration a réquisitionné la force publique et elle nous a fourni un bon de sortie, rien de plus. Aucun humanisme», a déclaré Samir Souilah, marié depuis 2010 et père de deux enfants. Et de renchérir : «Depuis ce jour, le chef de daïra refuse de nous recevoir. Même le président du comité de quartier est introuvable.»