Plus de 2500 recours ont été déposés après l'attribution d'un quota de 450 logements sociaux dans la commune de Bouira. La dernière attribution de 450 logements sociaux qui a eu lieu le début du mois en cours dans la commune de Bouira a dévoilé la partialité de l'administration dans la gestion de ce dossier. Il y avait plus de mécontents que des heureux. La vague de protestation qui a suivi l'affichage des listes a forcé les autorités locales à geler «partiellement» la liste et mettre en place une commission d'enquête pour clarifier les circonstances dans lesquelles s'est déroulée l'opération de relogement et à étudier «au cas par cas» les recours dont le nombre a dépassé les 2500. Cependant, ce sursaut de transparence de la part de l'administration locale ne semble pas convaincre les familles non bénéficiaires qui s'accordent à dire que tout cela est de la poudre aux yeux. Pour ces dernières, rien ne pourra justifier leur exclusion. Le cas de Bouchene Abdelkrim, l'un des héritiers du haouch, dans l'ancienne ville de Bouira, renseigne sur l'absence de volonté des pouvoirs publics à éradiquer le vieux bâti et recaser les familles qui y vivent, il faut le souligner dans des conditions inhumaines. «On s'est engagé en 2012 avec les services de la daïra de Bouira de céder nos terrains à condition qu'ils nous accordent des logements sociaux et c'est nous qui allons procéder à la démolition de nos anciennes maisons. Nous n'avons rien obtenu à la fin», a déclaré Abdelkrim, l'un des cinq propriétaires du haouch en question. Pourtant, ajoute ce dernier, toutes les familles ont été recensées par les services concernés qui ont même constaté l'insalubrité des lieux. «Je ne comprends pas le fait que des postulants ayant fait des demandes de logements depuis deux à trois ans aient bénéficié tandis que ma demande sommeille dans les tiroirs de l'administration depuis 1990 et à ce jour mon nom ne figure pas sur la liste», poursuit Abdelkrim qui ne cesse d'ailleurs d'accuser les membres des comités de quartiers d'avoir négocié leur part au détriment des autres familles. «La seule chose qu'on exige actuellement c'est que les pouvoirs publics doivent régler ce problème. L'hiver va arriver et les familles craignent pour leur vie», insiste-t-il. Ce sont des dizaines de familles habitant les différents haouchs de la ville qui sont contraintes d'occuper encore ces vieilles maisons. Les promesses des responsables locaux à raser le vieux bâti du chef-lieu de wilaya ne sont pas tenues. Ils se sont fixé le recasement de toutes les familles des haouchs comme une priorité. Mais la réalité des choses en est une autre. Haouch Amar Khodja où habitent 19 familles, neuf d'entres-elles sont sur la liste des bénéficiaires. D'aucuns s'interrogent sur l'avenir de ces anciennes bâtisses dont les autorités locales voulaient s'en débarrasser si la moitié des familles qui y vivent ne sont pas relogés. C'est le même scénario pour les habitants de la cité Ainouche Hadjila. Plusieurs familles qui habitent cette cité depuis les années 1960 et qui sont propriétaires ont été écartées de la liste des bénéficiaires. Ainsi, des familles qui habitent le quartier des 1100 logements interpellent les responsables de la wilaya pour mettre fin à une injustice qui dure depuis 1985. Ces familles habitaient dans un haouch près du cimetière de Drâa El Bordj. Comme il n'y avait pas assez de logements, les autorités de l'époque avaient décidé de mettre à la disposition de deux à trois familles un seul appartement de type F4 en attendant de les prendre en charge dans une période ne dépassant pas les cinq mois. Il a fallu attendre l'année 2002 pour que certaines familles puissent avoir accès à leurs propres appartements. Quant à d'autres, leur calvaire n'a pas encore pris fin. «Ils nous ont promis de nous reloger à maintes reprises. Ils sont au courant de notre situation. Mais à chaque attribution de logement, nous sommes lésés», dit S. Ould Bouzidi, une jeune fille d'à peine 24 ans qui dort avec sa sœur dans la cuisine. Ils sont deux familles composées de 13 membres à partager un appartement de quatre pièces depuis 30 ans. «Nous vivons dans des conditions catastrophiques. Les membres de ma famille sont tous malades et mon père qui travaille comme agent de sécurité ne peut rien faire. Avec son salaire, il arrive à peine à subvenir à nos besoins», ajoute-t-elle. Par ailleurs, les mécontents qui ont descendu dans la rue le jour de l'affichage des listes des bénéficiaires ont accusé l'administration de faire dans le favoritisme. L'on révèle aussi que des personnes proches des responsables locaux figurent sur la liste. En somme, le résultat de la commission d'enquête et l'étude des recours risquent de ne pas satisfaire les mécontents qui voient déjà dans cette démarche des pouvoirs publics consistant à gérer ce dossier de manière transparente, une pure mascarade.