Certains partis et acteurs politiques pensent que le chef de l'Exécutif sort fragilisé de cette affaire, alors que d'autres restent persuadés qu'il n'a pas encore perdu «la partie». La tournure qu'a prise le conflit opposant le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune au patron du FCE, Ali Haddad, laisse la classe politique perplexe. Certains partis et acteurs politiques pensent que le chef de l'Exécutif sort fragilisé de cette affaire, alors que d'autres restent persuadés qu'il n'a pas encore perdu «la partie». Le Parti des travailleurs (PT) dirigé par Louisa Hanoune refuse de juger à la «hâte» et d' aller vite en besogne. Pour Djelloul Djoudi, chargé de la communication au sein du PT, la rencontre de dimanche dernier regroupant le trio (gouvernement-UGTA-FCE) était beaucoup plus organique et n'avait pas pour but de débattre du contenu de la tripartite, mais d'arrêter juste la date et le lieu de la tenue de la rencontre des trois parties. «Ce qui nous intéresse, c'est le fond et non la forme. Nous allons juger le Premier ministre sur les conclusions de la tripartite et aussi sur le plus important et premier projet qu'il aura à présenter devant les députés, à savoir la loi de finance 2018», note M. Djoudi, précisant que ces deux dossiers sont un indicateur pour comprendre les orientations du gouvernement. Pour l'heure, le PT a pris acte des décisions prises par Tebboune notamment celle consistant à lutter contre l'argent sale et la séparation de l'argent du politique. «Nous sommes en train de suivre l'évolution de la situation. Il y a eu des mises en demeure, l'annulation et le gel de certains dossiers. A notre connaissance, Tebboune n'a pas reculé. Nous attendons à ce qu' il y ait des commissions d' enquête, la récupération de l'argent de l'Etat, l'arrêt du siphonage ; en somme, nous allons juger sur les actes», tranche M. Djoudi. Soufiane Djilali, de Jil Jadid, fait une lecture diamétralement opposée de celle du PT. Pour lui, il n'y a aucun doute, Tebboune est sorti fragilisé de ce conflit et les images véhiculées lors de l'enterrement de Redha Malek confirment, selon Soufiane Djilali, cette hypothèse. «Ces images montrent que Haddad est sous la protection de Saïd Bouteflika, le frère du Président. C'est un signal fort», note le responsable de cette formation qui parle d'une rupture grave par rapport à l'opinion qui commençait à apprécier et à soutenir le Premier ministre. «L'opinion retiendra le triomphe de l'argent sur le pouvoir. Il s'agit là d'une rupture grave vis-a-vis de l'opinion qui espérait des actions concertes sur le terrain», déplore Soufiane Djilali. Le FFS persiste et signe qu'il s'agit là d'une «scène de ménage» et «d'une opération folklorique» qui a connu son épilogue ce dimanche. D'autres hommes politiques et observateurs affirment que la rencontre de dimanche était tactique, ayant pour objectif la préservation de la marche normale des institutions et pour donner aussi l'image que le FCE demeure un partenaire dans le pacte économique et social. Si pour certains observateurs la fin du «match» a été sifflée d'en haut, pour d'autres le geste du Premier ministre renseigne sur le respect, au-delà des hommes, du calendrier gouvernemental. «Le cas Haddad n'est pas fini. Il est appelé à s'expliquer sur les dossiers mis au-devant de la scène. Maintenant, si Haddad est propre et qu'il s'agit là d'une cabale montée par certains pour déstabiliser le système, qu'on nous informe et qu'on nous l'explique. Que Tebboune sorte de sa réserve pour clarifier toute cette situation», propose le politologue Mohamed Taïbi.