Un groupe influent au sein du FCE a engagé des consultations avec d'anciens membres de l'organisation en vue de pousser le président du Forum vers la sortie. Le mécontentement commence à gagner du terrain au sein du Forum des chefs d'entreprise. En effet, des voix au sein de l'organisation s'élèvent contre l'action de protestation du président du Forum des chefs d'entreprise, Ali Haddad, en réaction à sa mise à l'écart par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. Ces membres du FCE lui reprochent d'avoir engagé l'organisation dans un mouvement d'opposition au chef de l'Exécutif jugé inopportun, confie une source sûre proche du FCE. Premier grief de ces patrons, la réunion de riposte ou le conclave à huis clos avec le secrétaire général de l'UGTA et quelques représentants d'autres patronats a été organisé par Ali Haddad et ses quatre lieutenants Mohamed Baïri, Salah-Eddine Abdessemed, Brahim Benabdesslam et Slim Bendimerad sans avoir au préalable informé les membres du FCE et obtenu leur adhésion. Autre raison de la colère, les multiples mises en demeure adressées au groupe ETRHB dont le patron n'est autre que le président du FCE, qui montre l'importance des marchés décrochés et des retards enregistrés dans les chantiers ne donne pas une bonne image du Forum. À tel point que des membres du FCE de l'intérieur du pays ont quitté l'organisation. Beaucoup pensent se retirer, ajoute la même source. En un mot, les rangs du FCE commencent à se disperser. "Précisément, un groupe influent au FCE, une quinzaine de personnes commencent à faire du bruit. Des réunions informelles se sont tenues avec des anciens du FCE pour organiser l'opposition à Ali Haddad. Des anciens veulent prendre la direction du FCE", confie la même source. Cette révolte latente qui couve au sein du FCE pourrait provoquer le départ d'Ali Haddad. En tout état de cause, les pressions actuelles sur le président du FCE risquent de le pousser vers la sortie. En cas d'entêtement, l'assemblée générale ordinaire du FCE qui aura lieu le 15 septembre prochain sera très chaude. Elle portera sur le bilan de deux ans d'activités du Forum. La réunion pourrait se transformer en une demande de bilan de deux ans de gestion du Forum par Ali Haddad. Dans le foulée, "des membres du FCE pourraient demander des comptes, en particulier sur les 600 milliards de centimes récoltés par l'organisation lors du Forum africain des affaires, chiffre rapporté par la presse, sur les 100 millions de dinars amassés pour l'opération ‘basmati' ainsi que sur l'argent des adhésions. Quand on sait que la cotisation coûte à chaque entrepreneur 200 000 à 1 million de dinars et que le Forum compte 2 300 adhérents, on peut aisément situer l'importance de cette cagnotte". Où est passé cet argent ? Comment a-t-il été dépensé ? Des questions qui seront sans doute posées dans une quête de transparence, rapporte la même source. Si cette rencontre tourne au vinaigre, la majorité composant cette assemblée pourrait demander à transformer l'AG en assemblée générale extraordinaire qui déciderait du retrait de confiance à l'actuel président du FCE. Mais d'ici à là, on peut s'attendre à des rebondissements. Tout dépendra de l'évolution dans un sens ou dans l'autre dans le traitement par le gouvernement du dossier Ali Haddad. Tout dépendra également de la progression de la contestation au sein du FCE. On en saura un peu plus sur ce sujet lorsque le Premier ministre rencontrera dans les prochains jours les représentants des organisations patronales en vue de préparer la prochaine tripartite. En attendant, le FCE semble ainsi payer aujourd'hui le prix de l'orientation de son patron. Un Forum qui n'avait au départ que l'ambition d'être un centre de réflexion, une force de proposition et non une organisation patronale et qui se retrouve aujourd'hui à faire de la politique et à revendiquer des marchés, fussent-ils au détriment des intérêts de la population. K. Remouche