Elle a opté pour une modernisation qui a commencé depuis cinq années. Auparavant, elle était en retard avec un matériel obsolète, mais grâce à l'effort de l'Etat qui a décidé de lui accorder, en 2002, un crédit de 700 millions de dinars, un nouveau siège a été bâti avec des équipements technologiquement avancés. Nacer Mehal, directeur général de l'APS, qui nous a accueilli hier dans son bureau a le sourire. Il juge le parcours intéressant mais évite l'autosatisfaction : « Je dois dire que ce nouveau siège a marqué une étape importante de l'APS, notamment au plan technologique où nous avons pu, grâce à ces équipements, passer au système WebSat (toutes les transmissions et les réceptions se font par satellite), inaugurer une nouvelle base de travail qui permet une meilleure flexibilité, en plus de l'utilisation du numérique. » L'objectif est de profiter de ces nouveautés pour positionner l'agence parmi les bonnes agences du bassin méditerranéen. « Nous sommes engagés dans une bataille médiatique qui concerne l'ensemble des médias nationaux et je crois qu'on doit tous travailler ensemble pour faire face aux défis du siècle. Je rends hommage aux pionniers qui ont construit petit à petit cette agence », affirme-t-il. L'APS, c'est aujourd'hui 150 abonnés à desservir et un effectif global de 527 travailleurs. Elle est présente sur l'ensemble du territoire national avec des bureaux à l'intérieur du pays et 12 bureaux à l'étranger. Il y a un projet d'élargir cette présence à l'étranger qui attend le feu vert des autorités gouvernementales et qui pourra être concrétisé entre 2007 et 2008. La présence sur le terrain de l'information à l'étranger est un enjeu capital. Le DG explique : « Régulièrement, on dépêche des envoyés spéciaux à travers le monde. C'est notre politique, car je reste convaincu qu'on ne peut pas faire du journalisme derrière un bureau. Il fallait aussi changer la mentalité : on avait malheureusement développé pendant de longues années la mentalité du communiqué. Les journalistes sur le terrain sont mieux formés que derrière un bureau. » Cependant, il faut avouer que les postes à l'étranger suscitent les convoitises. Y a-t-il des critères de sélection ? Nacer Mehal n'y va pas par quatre chemins pour répondre à cette question qui fâche certains : « C'est une question lancinante. Je peux vous rassurer que le seul critère est celui de la compétence et du mérite. Si demain on peut me prouver que ceux qui sont envoyés à l'étranger ne le méritent pas, je suis le premier à remettre ma démission. Leur mission peut durer entre 3 et 4 ans. Si la nécessité s'impose, ils restent un peu plus. Ceci dit, il nous est arrivé des cas où nous avons envoyé des correspondants à l'étranger qui, au bout d'un an (année d'adaptation), ne nous ont pas donné satisfaction. Après plusieurs avertissements, je suis obligé de prendre des décisions qui sont peut-être mal perçues, mais je suis obligé de dire que le poste de correspondant à l'étranger n'est pas le Club Méditerranée. » Site web et formation continue L'APS axe son développement sur la formation continue (400 formations ont été assurées depuis 7 ans en Algérie et à l'étranger). Dans ce contexte, des accords sont conclus dans le cadre de la coopération avec les pays (Union européenne), le comité des projets algéro-français, avec les Tunisiens et les Egyptiens (Institut Al Ahram). Il s'agit d'une formation continue, soit bilatérale ou multilatérale, dans le cadre des organisations sous-régionales desquelles l'agence est membre, dont l'Alliance des agences méditerranéennes. Les technologies évoluent rapidement et il faudra s'adapter. Les ressources humaines sont le grand écueil, selon le DG qui ajoute : « Nous recevons parfois des diplômés de l'université qui n'honorent pas cette institution. » Une direction multimédia a été créée qui se consacre exclusivement au développement de nouvelles filiales. Le site web a été développé dans trois langues (arabe, français et anglais). Dans une prochaine étape, la version espagnole sera disponible. En outre, un site dédié à la photo a été lancé et propose des reportages. Les clients reçoivent des photos pour pouvoir choisir. « Nous avons développé toute notre logistique autour d'Internet et nos correspondants peuvent ainsi communiquer avec l'agence centrale grâce à outil technologique », nous informe le DG de l'agence. Elle surfe sur la vague des technologies en lançant le wap avec Mobilis, mais d'autres projets avec d'autres opérateurs nationaux ou étrangers ne sont pas exclus. Le budget est constitué de 50% de subventions étatiques au titre de service public et 50% proviennent des abonnements des journaux, de la télévision et des institutions. Le service le plus sollicité est celui qui a trait à l'activité politique, mais un effort particulier est mis sur l'information économique, le sport et la culture. En fait, l'APS axe aussi sur les reportages, « une manière de se diversifier et de s'ouvrir à la société ». Les responsables ont conscience que la grande bataille de l'information n'est jamais gagnée d'avance. Après les désillusions du « nouvel ordre mondial de l'information », il faut se faire une place dans le village planétaire. « 30 ans après, la situation n'a pas beaucoup évolué dans le monde. Il y a 5 grandes agences mondiales qui dominent 90% du flux de l'information. Le monde arabe a réalisé une percée dans la TV (il existe 200 chaînes de TV arabes), mais au plan de l'agence ou des journaux, l'évolution est encore timide », conclut Nacer Mehal.