Ahmed Ouyahia revient à la tête du gouvernement. Il remplace à la tête de l'Exécutif le désormais ex-Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, limogé moins de trois mois seulement après sa nomination à ce poste. C'est ce qu'a annoncé la présidence de la République dans un communiqué. «En application de l'article 91, alinéa 5 de la Constitution, son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a mis fin, ce jour (hier ndlr), aux fonctions de Premier ministre exercées par M. Abdelmadjid Tebboune», indique le communiqué. Selon la même source, «en application des mêmes dispositions constitutionnelles, et après consultation de la majorité parlementaire, le président de la République a nommé M. Ahmed Ouayhia Premier ministre». Le secrétaire général du RND et ex-chef de cabinet de la Présidence effectue ainsi son quatrième retour à la tête du gouvernement en 22 ans. Un record national pour cet homme de 65 ans. Son premier passage à la chefferie du gouvernement remonte à 1995. Mais son accès aux hautes responsabilités de l'Etat a eu lieu dès 1993, lorsqu'il a été nommé sous-secrétaire d'Etat aux Affaires arabes et africaines, puis chef de cabinet de la Présidence. C'était durant le «premier mandat» du président Liamine Zeroual. Ce dernier le nomme au poste de chef de gouvernement après sa victoire lors de la première élection présidentielle pluraliste en 1995. Un poste qu'il assumera jusqu'en 1998 avant de céder sa place à feu Smaïl Hamdani. Durant cette période difficile, Ahmed Ouyahia a dû gérer plusieurs situations compliquées à l'époque, dont le rééchelonnement de la dette extérieure, l'ajustement structurel, le licenciement des travailleurs et les ponctions sur les salaires des fonctionnaires pour faire face à la crise économique de l'époque. C'est durant cette période que l'homme s'est vu coller le surnom d'«homme des sales besognes» qu'il assume même ostentatoirement jusqu'à aujourd'hui.
«Va-et-vient» sous Bouteflika Ahmed Ouyahia fait son come-back au gouvernement dès 1999 avec l'arrivée du président Bouteflika au pouvoir. Il a été nommé ministre de la Justice de 1999 à mai 2002, avant d'être désigné ministre d'Etat représentant personnel du président de la République de juin 2002 à mai 2003. A cette date, il est nommé à nouveau chef de gouvernement. Un poste qu'il occupera jusqu'en 2006. Durant ces trois années, Ahmed Ouyahia s'est mis sur le dos l'ensemble des fonctionnaires. Il s'est illustré, notamment, par ses décisions radicales contre les grévistes de l'éducation nationale et son obstination à refuser toute augmentation salariale. Mais, selon les observateurs, c'est sa volonté d'imposer le paiement par chèque qui est à l'origine de son premier limogeage par le président Bouteflika qui l'a remplacé par Abdelaziz Belkhadem. Mais Ahmed Ouyahia effectue plusieurs va-et-vient au palais du gouvernement sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika. Deux ans plus tard, il est rappelé à nouveau pour occuper, en 2008, le nouveau poste de Premier ministre créé à la faveur de la révision de la Constitution. Il résiste jusqu'en 2012, avant d'être remercié à nouveau pour céder sa place à Abdelmalek Sellal. Maîtrisant parfaitement l'art de faire le dos rond pour laisser passer les grosses tempêtes, le patron du RND rebondit à chaque fois et revient au-devant de la scène. Il le prouve cette fois-ci encore en remplaçant Abdelmadjid Tebboune.