Le thème ne semble pas accrocher beaucoup de monde, en particulier les parents. Il n'en demeure pas moins que le temps imparti pour cette journée s'est avéré très insuffisant, laissant les invités sur leur faim. Le chef de service de la médecine de travail a proposé la création d'un fonds national de la protection de l'enfant, tout en mettant l'accent sur son contrôle et son utilisation. Il avait mis en exergue l'existence théorique des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives, qui ne sont pas appliquées par les services concernés. L'inspecteur du travail s'est contenté de rappeler les textes des lois inhérents à la protection de l'enfant en matière de travail, bien que, précise-t-il, les dispositions pénales sont moins dissuasives. Le président de l'APC de Sidi Ghilès s'est déclaré impuissant pour évacuer les enfants vendeurs et mendiants des trottoirs, tout en reconnaissant les actions démagogiques qu'il mène avant les visites officielles, bien que quotidiennement son APC souffre énormément du manque de moyens pour lutter efficacement contre la présence de ces enfants dans les rues. Le P/APC de Hadjret Ennous, quant à lui, estime que l'enfant prend acte de l'exemple de l'adulte, ce qui explique son désir de ramasser de l'argent, sans perdre son temps à étudier, alors qu'il est issu d'une famille démunie. La psychologue du secteur sanitaire a axé son intervention sur la métamorphose de l'enfant à travers toutes les phases de son développement physiologique et psychologique. Le comportement et la réflexion de l'enfant au sein de sa famille et de son environnement reflètent la qualité de sa « construction » depuis son très jeune âge jusqu'à sa maturité. Les causes qui poussent l'enfant vers le travail sont nombreuses et connues. Il s'agit, entres autres, de l'absence du père, d'un divorce, d'une maladie, d'un décès, de la pauvreté, de la faillite de l'enseignement et de la déperdition scolaire. Le grand pourcentage de ces problèmes se produisent très souvent en milieu rural. Le déséquilibre psychologique empêche l'enfant d'avoir une relation normale avec son milieu. La violence chez l'enfant est un phénomène qui prend de l'ampleur. La petite fille devient victime dès son enfance, notamment en zone rurale. Le médecin coordinateur du service de la santé scolaire du secteur sanitaire s'est étalé sur le retard de la croissance chez l'enfant, sur les infections et les allergies chez des scolarisés qui travaillent, le taux sensiblement élevé des enfants toxicomanes et dépressifs et leurs difficultés à établir des relations sociales et surtout les abus et les harcèlements sexuels subis, sachant que ce sujet demeure tabou dans notre société. Le procureur du tribunal de Cherchell avait rappelé les termes de l'article 269, relatif à la protection de l'enfant, tout en expliquant de quelle manière la justice peut intervenir. Il a fait remarquer que la société civile se distingue par l'absence des actions envers la protection de l'enfant. Le rôle de la famille en premier lieu et en second lieu celui de l'école arrivent bien avant celui de l'Etat dans la protection de l'enfant contre l'exploitation. La démission des parents aujourd'hui est manifeste. Les conditions sociales difficiles vécues au sein des cellules familiales ne doivent en aucune manière justifier le travail de l'enfant. Dans le passé, la famille algérienne se souciait de l'éducation de son enfant et de son enseignement, même si cette famille vivait dans des conditions sociales pénibles. L'Etat doit intervenir pour améliorer les conditions de l'enseignement chez l'enfant, tout en lui assurant une insertion dans le monde du travail dès qu'il atteint l'âge requis. Cette journée d'information sur le travail de l'enfant avait un goût d'inachevé, en raison de l'absence des statistiques. Certaines parties impliquées dans l'univers de l'enfant ont tenté d'éclairer les invités, en vain. L'action devra être continue dans le principal but de faire adhérer tous les acteurs, pour punir les hors-la-loi et protéger l'enfant.