Depuis quelques jours, l'eau qui coule des robinets à Guelma, n'inspire pas confiance. Elle est de couleur jaunâtre et a une odeur inhabituelle. Un aspect qui n'a pas manqué de faire réagir les clients de l'Algérienne des eaux (ADE). «Nous ne buvons plus de l'eau du barrage de Hammam Debagh depuis plusieurs années. Mais cette fois-ci, c'est à se demander si on peut prendre une douche avec ou encore préparer à manger ou laver la vaisselle et le linge ?» s'interrogent bon nombre d'habitants. Bien évidemment, en l'absence d'un plan de communication, en de telles circonstances alarmantes, d'autant que ce barrage est pour ainsi dire la première source d'eau potable dans la région, les autorités locales n'ont fait que nourrir la rumeur à Guelma. Mais qu'en est-il au juste ? Le barrage est-il à son niveau critique et l'ADE n'y pomperait finalement que de la vase comme le prétend la vox populi ? «Certes, le niveau du barrage est bas, mais je peux rassurer les habitants à travers les colonnes de votre journal que nous avons une réserve pour six mois», a déclaré, hier, à El Watan le directeur de l'hydraulique de la wilaya. Et de conclure : «Le taux de remplissage est de 9%, soit près de 17 millions de mètres cubes d'eau.» De son côté, le directeur de l'ADE semble tout aussi confiant : «Nous pouvons aller jusqu'à la fin de l'année sans aucun problème en espérant des précipitations en hiver.» En clair, pour les deux responsables (ADE et hydraulique) il n'y a pas de quoi s'alarmer à Guelma. Mais dans le cas où le ciel continue à être capricieux, y a-t-il un plan d'urgence ? A ce sujet, le directeur de l'hydraulique reste évasif : «Je ne peux rien vous dire à ce sujet. Ce sont des choses qui se discutent en haut lieu ! Mais nous trouverons des solutions !» Nous l'aurons compris, il faudra attendre la fin de l'année 2017 pour avoir une réponse. Ainsi, c'est à Hammam Debagh, commune située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Guelma, lieu où est implanté le barrage éponyme, que nous trouverons des réponses plus précises à nos questionnements. «Depuis sa mise en service, jamais le barrage — d'une capacité de 185 millions de mètres cubes — n'a atteint ce niveau», précise dans ce contexte Mohamed Doukha, directeur du barrage de Hammam Debagh. Et de conclure : «Au 3 septembre nous disposions de 17,060 hectomètres cubes d'eau. Soit un taux de remplissage de 9,22%. Il faut savoir qu'il y a un niveau mort à ne pas toucher qui est de 5 hectomètres cubes pour préserver l'écosystème. Nous estimons que le barrage se vide tous les jours de 73 000 mètres cubes soit 53 000 m3/j pour l'AEP et le reste va en évaporation en période de grande chaleur qui ralentira en hiver. Il nous reste 6 mois d'AEP pour la ville de Guelma et quelques communes voisines.» Concernant la couleur jaunâtre et l'odeur de l'eau du robinet à Guelma, c'est à la station de traitement située également en amont du barrage que les analyses physico-chimiques et bactériologiques de l'eau sont effectuées toutes les deux heures. «L'eau brute du barrage est actuellement chargée en micro-algues et particules organiques, car nous sommes passés à un niveau inférieur en pompage. La couleur jaunâtre provient d'une réaction chimique après chloration. On peut confirmer que l'eau qui sort de la station pour l'AEP est potable et de qualité bactériologique acceptable», confirment à l'unisson les techniciens du labo et responsables du barrage que nous avons rencontrés.