Un sommet sur la situation en Libye et auquel sont conviés le chef du gouvernement libyen d'union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) s'ouvre ce samedi à Brazzaville. Si la participation de Fayez al-Sarraj à ce sommet a été confirmée, il n'en est pas de même pour Khalifa Haftar. L'homme fort de l'est libyen « s'est excusé et n'y participera pas », a précisé l'un de ses porte-parole, Khalifa al-Abidi, qui n'a pas fourni plus de détails. Mais Aguila Salah, chef du Parlement élu basé dans l'est de la Libye et qui appuie le maréchal Haftar, prendra bien part à la réunion. L'Union africaine ambitionne à travers ce rendez-vous de «réconcilier les frères ennemis et ramener la paix dans ce grand pays africain ». Il s'agit de la troisième réunion du « Comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye ». La dernière avait eu lieu à Brazzaville en janvier. Dirigé par le président congolais Denis Sassou Nguesso, ce comité est composé par les présidents de cinq pays africains (Mauritanie, Niger, Congo, Ethiopie et Afrique du Sud). Les représentants des pays voisins de la Libye (le Tchad, le Soudan, l'Egypte, la Tunisie et l'Algérie) seront également présents. Les chefs d'Etat africains ne cessent d'appeler à un dialogue « sans discrimination entre les communautés » et les différentes parties en conflits. Ils ont par ailleurs interpellé bien des fois la communauté internationale à laquelle ils ont demandé de ne pas laisser la Libye sombrer dans le chaos. Ce sommet intervient un mois après l'initiative de paix lancée par le nouveau président français Emmanuel Macron. Réunis fin juillet en région parisienne, Fayez al-Sarraj et le maréchal Haftar avaient, rappelle-t-on, accepté une feuille de route préconisant un cessez-le-feu et l'organisation d'élections l'année prochaine. Même depuis la situation n'a pas bougé. Il faut dire aussi que la multiplication des initiatives « de sortie de crise » a eu jusque là pour effet d'aggraver la crise Libye. Le chef de la diplomatie française était d'ailleurs le 4 septembre en visite en Libye pour faire le point sur l'initiative lancée par Emmanuel Macron. «Notre objectif, c'est bien la stabilisation de la Libye, dans l'intérêt des Libyens eux-mêmes, mais aussi dans l'intérêt des pays voisins dont nous faisons en quelque sorte partie », a rappelé le ministre français des affaires étrangères à la fin de son séjour. Dans le sillage des déclarations faites il y a quelques jours par le président français lors de la présentation des grands axes de sa politique étrangère, Le Drian n'a pas manqué de préciser que la stabilisation de la situation «passe par l'application des déclarations de la Celle Saint-Cloud qui prévoit notamment l'amendement de l'accord de Skhirate et la tenue d'élections». Cela fait dire à certains observateurs que « la présidence française tient donc à sa médiation ». Une médiation qui ne fait par ailleurs aucune mention à celle menée par l'Union africaine. C'est ce qui aurait visiblement poussé le chef d'Etat congolais à réactiver sa « facilitation ». L'initiative confirme, selon certains, l'idée que l'Afrique n'entend pas se laisser distancer sur son propre terrain et mettra tout en œuvre pour résoudre une crise qui menace de déstabiliser tout le Sahel.