Il a fallu plus de dix ans pour qu'enfin des archéologues algériens entament des travaux de recherche sur le site de Zemmouri El Bahri, à 12 km à l'est de Boumerdès. En effet, une équipe d'universitaires du département d'histoire de Bouzaréah, élargie à une dizaine d'étudiants, a pris officiellement possession, avant-hier, d'un terrain de 6 ha à l'entrée de la localité pour effectuer des travaux de prospection. Selon la responsable de mission, le docteur Aïcha Hanafi, «la prospection a pour but d'effectuer une première sonde du site, avec prélèvement d'échantillons de fragments historiques, afin d'étayer un rapport suite auquel le ministère de la Culture se prononcera sur l'opportunité des fouilles». Il s'agit donc d'apprécier l'importance historique de ce patrimoine matériel. A l'origine de cet intérêt, une association locale qui avait alerté la direction de la culture en 2006 sur la présence de poteries et autres outils d'une époque ancienne dans cette région. La presse s'en est fait l'écho. Des experts s'étaient déplacés en 2008 pour juger de l'importance de la découverte. Mais ce n'est qu'en décembre 2015 que la tutelle classera le site en question comme domaine archéologique. Aujourd'hui, en 2017, les spécialistes se penchent sérieusement sur les vestiges, qui promettent déjà, au vu des constatations de cette première sortie sur le terrain ou des pavés, des scories et autres morceaux d'ustensiles en terre qui ont été retrouvés une première analyse. Mme Nechar, spécialiste de la période islamique, a émis l'hypothèse que les vestiges dateraient de la période zianide et hamadite, vers le IVe siècle hégirien. Selon Mme Hanafi, archéologue : «Il peut s'agir d'une première couche historique, capable de cacher une ère ou des ères antérieures, sur laquelle ce lieu d'habitation, selon les premières découvertes, a été érigé.» N'existe-t-il pas non loin d'ici des vestiges remontant à l'ère préhistorique ? La présence de scories prouve en tout cas qu'un four pour faire cuire les poteries et autres ustensiles existait, d'où l'hypothèse plus que probable qu'une cité avec une population active y vivait. Un groupe de chercheurs a déjà identifié la présence d'un patio, d'après l'agencement des pavés en cercle dans un positionnement central autour duquel viennent se greffer d'autres pavés asymétriques, selon des dispositions s'apparentant à la cour centrale d'une habitation. L'ensemble de ces habitations est disséminé sur une large aire embrassant tout le terrain de 6 ha. Cette prospection devra durer une quinzaine de jours. Elle permettra la clôture de la superficie concernée par les fouilles, qui auront lieu dès que les démarches administratives et logistiques aboutiront.