Découverte n L'histoire millénaire racontée par les pierres et autres objets trouvés lors des fouilles permet de revenir sur les pas des premiers habitants au cours d'un passé s'étalant sur près de 2 millions d'années. C'est à remonter le cours séculaire du temps et déchiffrer les premières traces de l'existence humaine que se destine l'exposition actuelle au Musée du Bardo, qui a pour titre «L'Algérie dans la préhistoire. Recherches et découvertes récentes». Les visites guidées sont organisées par la commissaire de l'exposition, Mme Riache Faiza. A ce propos, une classe de jeunes collégiens était toute ouïe aux explications de la commissaire. Ils sont rejoints par des groupes de parents ayant ramenés leurs enfants, élèves du primaire, pour une leçon succincte vu leur jeune âge, sur le passé préhistorique algérien. L'histoire millénaire racontée par les pierres et autres objets trouvés lors des fouilles sur six sites situés dans les wilayas de Djanet, Jijel, Mostaganem, Mascara et Sétif permet de revenir sur les pas des premiers habitants au cours d'un passé s'étalant sur près de 2 millions d'années. Un travail de longue haleine a été conduit par les archéologues, ethnologues et groupes d'étudiants sur des périodes de travaux couvrant des décennies. Programmées dans le but d'enrichir le patrimoine historique, culturel et scientifique, les fouilles ont permis de mettre au jour des objets phares, tels des cheveux et crânes humains, de la poterie, la vannerie, des pointes de flèches, des hachettes ainsi que des restes d'animaux. Toute une panoplie d'objets et de corps solides à même de révolutionner le cours de la préhistoire algérienne. Le public se familiarise avec les différents sites et terrains où se sont déroulés les chantiers de fouilles ayant permis une collecte nouvelle de vestiges qui est venue enrichir les collections déjà constituées. On apprend que le site de Tin Hanaken, dans le Tassili N'Ajjer, mentionne que l'occupation humaine s'y est développée pendant 10 000 ans. Les fouilles ont permis d'apporter des éclaircissements sur les premiers pasteurs du Sahara. C'est sur le site de Tighennif, dans la wilaya de Mascara que furent découverts les restes du premier homme d'Afrique du Nord en 1954. Mohamed Sahnouni, du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) et son équipe ont repris les travaux de recherche sur le site avec pour objectif d'acquérir plus de notions historiques et scientifiques sur une présence humaine remontant à 750 000 ans. Sur les lieux de Ain El Hanech (Sétif), le complexe préhistorique remonte à 1,8 million d'années, les chercheurs ont localisé notamment des restes d'hippopotames, rhinocéros, et crocodiles. Que cela soit la grotte de Taza à Jijel, Ouled el Hadj et Errayah implantés à Mostaganem, les collectes ont été fructueuses et le département de la recherche préhistorique algérien s'enorgueillit de ces dernières découvertes sur le passé antique de notre pays. Sur un trajet scénographique étudié, les collections d'objets ou d'os exposés et accompagnés de textes explicatifs jouent un double rôle, d'initiation pour les amateurs et pédagogique. A rappeler que le Musée pour cette expo sur la préhistoire a ouvert un espace destiné aux enfants, où ces derniers peuvent se familiariser avec cette discipline qu'est l'archéologie et les modes de vie des premiers hommes en Algérie. Il a également édité des fascicules en braille pour les personnes non-voyantes. Leila N. l C'est vers Touil Abdel-Ali que nous nous sommes dirigés pour de plus amples informations au sujet de l'exposition, du fait que la commissaire était prise par sa mission de guide. Notre interlocuteur nous apprend que l'exposition s'est réalisée grâce à un travail de collaboration entre le Musée et le laboratoire de préhistoire de l'institut d'archéologie. «C'est l'un des plus importants sur la préhistoire», signale-t-il. Dans le but d'enrichir ses collections, nous apprend M. Touil, le Musée a sollicité les organismes compétents en la matière. «Nous avons de nouvelles données dans le domaine de la recherche archéologique ayant permis d'être à jour concernant la reconstitution de l'environnement humain en Algérie», souligne-t-il. Il explique, en outre, qu'il aura fallu une année de préparation en collaboration avec les chercheurs et spécialistes et six mois pour la mise en place. «Le volet installation de l'exposition, ou scénographie, demeure le plus important pour une exposition dans un musée», précise-t-il, et d'ajouter : «La scénographie encore récente chez nous, intervient plus particulièrement pour une exposition de longue durée. Là, vous pouvez constater que le parcours scénographique donne un caractère plus attractif à l'exposition tout en jouant sur le côté esthétique et la cohérence au sein de l'espace». La direction du Bardo a également pensé, dit-il, «à réaliser des copies d'objets préhistoriques destinés au jeune public et à la création d'ateliers pour qu'ils puissent avoir quelques notions sur les méthodes employées» dans l'Algérie antique. Il a par ailleurs rappelé les noms des différents directeurs de fouilles, à savoir Sahnouni Mohamed, Abdelkader Derradji, Mohamed Medig et la française Ginette Aumassip. L. N.