Une cérémonie inaugurale d'une exposition sur l'histoire et la préhistoire de l'Algérie, abritée par le musée du Bardo, a eu lieu en présence de l'ambassadeur de Turquie en Algérie, Mehmet Poroy et de chercheurs. Mme Fatima Azzoug, directrice du Bardo, a affirmé que « d'importantes recherches archéologiques ont été entreprises par des archéologues algériens. Elles visent à découvrir, rassembler et publier l'information sur les plus anciennes cultures. Cette rencontre se veut un hommage au travail réalisé par ces chercheurs qui parcourent, fouillent et dévoilent les traces du passé ». Des chercheurs du musée et le laboratoire de préhistoire de l'institut d'archéologie se sont associés. Le public découvrira les résultats de fouilles archéologiques menées sur six sites préhistoriques : « Aïn Hanech » (Sétif), « Errayah » et « Oued El Hadj » (Mostaganem) « Tighennif » (Mascara), « Taza » ( Jijel), et « Tin Hanakaten » (Djanet). Les sites découverts par les chercheurs de l'institut d'archéologie sont mis en parallèle avec des gisements plus anciens.
Sous le signe de la découverte Dans une exposition scindée en six étapes, on retrouve des carrés de fouilles, des pontes qui rappellent les stratigraphies de la terre. Plus d'une centaine d'objets séculaires sont exposés dont des restes de parure, de poterie. L'exposition met en avant des restes fauniques (hippopotames, rhinocéros, crocodiles) et lithiques (galets taillés, éclats de silex) découverts sur le site de Aïn El Hanech, lors de prospections conduites par le Pr Mohamed Sahnouni en 1992, et qui remontent à 1.8 million d'années. Le même type de vestiges issus de la fouille du site de Errayah, qui remontent à un million d'années, sont également exposés. L'espace temps révèle les six sites sus-cités et un espace est dédié aux enfants. Mieux, des textes en braille, des copies d'objets et des dépliants sont disponibles au niveau de chaque espace. Safia Boudehab, architecte d'intérieur et gérante de Basma Design, a assuré l'étude et la réalisation de cette exposition. « Notre travail a duré une année, avec une équipe pluridisciplinaire (des graphistes, designers, architectes, illustrateurs, archéologues). On a travaillé ces six derniers mois, jour et nuit. Notre travail consiste à collecter l'information, donner des sens à l'atmosphère et aux objets exposés. On a travaillé aussi sur plusieurs phases pour réaliser des scénarios ludiques et harmonieux » a-t-elle confié Faïza Riache, commissaire de l'exposition, explique que « les objets exposés proviennent en majorité du laboratoire de préhistoire. Ils seront versés aux collections préhistoriques du musée après validation de la commission des biens culturels au niveau du ministère de la Culture ». « L'exposition s'étalera sur une durée d'une ou de deux années et sera probablement étoffée par la civilisation capésienne. » Farah Chemerik, enseignante-chercheur à l'institut d'archéologie se dit heureuse et évoque sa contribution. « Je fais partie de l'équipe de recherche qui fouille, depuis 2001, la région nord- occidentale de l'Algérie, notamment les sites Arrayah et Oued El Hadj. Je m'occupe de la fouille et de l'étude du matériel archéologique ressorti lors des fouilles. Nous évoluons aux côtés de nos étudiants, parfois 20 à 30 jours, dans des conditions très pénibles et difficiles. Le matériel archéologique retiré lors des fouilles va au laboratoire où on l'étudie. Le but est de raconter l'histoire de ces objets au large public, montrer que l'Algérie recèle de magnifiques trésors. » Abdelkader Derradji, enseignant-chercheur et responsable du laboratoire d'archéologie à l'université d'Alger, a déclaré qu'« on a contribué à cette exposition dans le volet qui concerne le peuplement. On a voulu mettre en évidence les nouveaux sites découverts dans les années 90 et donner une nouvelle vision de l'archéologie algérienne, notamment post- indépendance. A travers cette exposition, on rappelle que notre pays est riche car il est peuplé depuis plus de deux millions d'années, et on a des traces de la présence humaine partout. Notre objectif est de former une nouvelle génération de chercheurs, par le biais des fouilles, des travaux de terrain, de laboratoire et en même temps de créer un cadre de recherches pour s'intéresser à une autre période historique. »