Dans un discours prononcé devant la 72e session de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU), le président palestinien, Mahmoud Abbas, a considéré la poursuite de l'occupation des terres de l'Etat de Palestine comme une honte pour Israël et la communauté internationale. Dans ce discours qualifié d'historique par les observateurs, Mahmoud Abbas a affirmé que l'ONU a la responsabilité légale, politique, morale et humaine de mettre fin à l'occupation israélienne, afin de permettre au peuple palestinien de vivre libre dans son Etat palestinien indépendant avec sa capitale Al Qods-Est, sur les frontières du 4 juin 1967. En colère et déçu par une communauté internationale restée sans réaction face à l'occupation israélienne qui dure depuis plus de 50 ans, Mahmoud Abbas a mis l'accent sur la solution à deux Etats qu'Israël tente de démolir et prévient des dangers pour les Palestiniens, les Israéliens et le reste du monde de la politique menée par le gouvernement Netanyahu. «Nous ne resterons pas les bras croisés devant le danger qui menace la solution à deux Etats, qui vise notre existence et menace la paix et la sécurité dans notre région et dans le monde», a-t-il martelé. Et c'est là qu'il a dévoilé la stratégie que pourrait adopter la Direction palestinienne en cas d'échec de la réalisation de la solution à deux Etats. «Ou bien c'est l'indépendance dans notre propre Etat sur les terres occupées en 1967, ou bien nous irons vers le choix d'un seul pays pour les deux peuples avec les mêmes droits pour tous les citoyens et non selon le régime d'apartheid qu'Israël veut nous imposer», a soutenu Mahmoud Abbas. «Nous avons la responsabilité et vous avez la responsabilité de mettre fin à l'apartheid en Palestine», a-t-il déclaré aux membres de l'ONU. « Si la solution à deux Etats devait être détruite par la persistance de cet apartheid, ce sera un échec, et nous n'aurions d'autre choix que de poursuivre notre lutte pour la fin de l'occupation israélienne», a encore insisté le président palestinien. «Est-ce que le monde peut accepter un régime d'apartheid au XXIe siècle ? Est-ce que la communauté internationale peut encore accepter l'idée qu'Israël soit un pays au-dessus des lois ?» s'est insurgé M. Abbas. Evoquant l'expansion continue de la colonisation dans les Territoires occupés qui isole sur le terrain les Palestiniens dans leurs villes et villages, M. Abbas a soutenu qu'il ne reste plus de place pour un Etat palestinien. «Il n'y a plus de place pour un Etat palestinien et ce n'est pas acceptable. Vers qui pouvons-nous nous tourner pour mettre un terme à la colonisation et aux tentatives israéliennes visant à démolir la solution à deux Etats ?» a lancé M. Abbas du haut de la tribune de l'ONU. Il a également insisté sur le fait qu'Israël refuse toutes les initiatives de paix internationales, y compris l'initiative de paix arabe qui se trouve sur la table depuis 2002. Et bien sûr, il n'a pas oublié d'évoquer les tentatives de judaïsation de la ville d'El Qods, occupée et annexée depuis 1967, insistant sur la résistance pacifique et héroïque des Maqdessis et du danger de voir éclater une guerre religieuse. Le président palestinien a demandé une protection internationale pour le peuple palestinien, la qualifiant de «cause morale avant qu'elle ne soit politique ou légale». Ne prenant de gants avec personne, il a également demandé aux autorités britanniques de présenter des excuses au peuple palestinien et de corriger l'injustice historique infligée aux Palestiniens pour la déclaration de Balfour émise en 1917 (document qui appelait à l'établissement d'un foyer juif en Palestine) en reconnaissant l'Etat de Palestine. Dans son discours, le président de l'Autorité palestinienne, signataire des Accords d'Oslo en 1993, qui devaient aboutir à la création d'un Etat palestinien indépendant, montre qu'il n'a plus de grands espoirs en une solution pacifique et négociée du conflit avec Israël, qu'il est donc prêt à dissoudre l'Autorité née des Accords d'Oslo et à annuler tous les accords conclus avec l'Etat hébreu, y compris la reconnaissance d'Israël selon les frontières de 1967. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale.