« Plus de 47 000 ha de terres ont été emblavées ces derniers temps par les agriculteurs de la région », a déclaré avant-hier A.E.K MOUICI, directeur des Services agricoles. Les fellahs, jusque-là craintifs de par cette sécheresse qui s'installe, semblent avoir été boostés pour mettre du coeur à l'ouvrage et espérer la clémence du ciel. « Cela n'a pas été facile mais peu à peu, les fellahs après avoir été sensibilisés sinon apaisés dans certaines de leurs appréhensions, commencent à bouger », renchérit-il avant d'ajouter que « des mesures ont été prises pour favoriser l'entrain et dissiper les aléas liés à des rapports contractuels avec différents partenaires impliqués dans le processus ». Comparativement à l'année écoulée, l'écart n'est pas profond, sachant qu'à pareilles époques, seules 55 000 ha avaient été labourés et ensemencés. L'offre en semences reste de loin supérieure à la demande, puisque sur les 100 000 quintaux de semences, toutes céréales confondues, ont été certifiés, dont 82 000 traités par les C.C.L.S et la Sarl privée. Une grosse part provient de la triée reconvertie en semences, sachant que l'année dernière seuls 675 000 quintaux sur un objectif sensé être atteint de 2 500 000 quintaux avaient été engrangés. Au plan de la livraison, l'amorce semble bonne puisque déjà plus de 30 000 quintaux de semences ont été livrés aux agriculteurs qui souscrivaient au cahier des charges. Notre interlocuteur parle de plus de 800 décisions signées en phase finale avec la CRMA et les CCLS. Parmi les nouvelles mesures en amont et en aval, introduites cette année, à l'aune d'une saison qui ne s'annonce pas sous de bons auspices, M. Mouici a évoqué le renouvellement de certains équipements dont ceux liés au machinisme agricole, présentant à 40% un état de vétusté avancé. S'ensuit des allègements induits par l'abaissement de certaines taxes mais aussi et surtout celui devant valoir un assainissement visant certains fournisseurs pour ne pas dire expurger le secteur de ces nouvelles sociétés écrans qui servent de couverture à une activité spéculative née depuis l'avènement du PNDA. « Il faudrait qu'on sache qui fait quoi », dira ce jeune responsable qui réfute par ailleurs l'esprit du retour au monopole et donc à cette spéculation effrénée. Beaucoup d'entre « ces nouveaux commerçants introduits dans le circuit » vont devoir renouveler leur dossiers et « un contrôle plus stricte régira leur activité ». Toutes proportions gardées, « cet état de sécheresse ne devrait pas pousser au pessimisme car tout pourra basculer dans la région dans les prochains mois ». Un optimisme mesuré qui suscite chez certains éleveurs une moue plutôt dubitative. Les premières fournées d'orge de consommation, importées pour être vendue par les CCLS, suivant des conditions précises, sont déjà revendues par les spéculateurs deux fois son prix. 2 000 quintaux d'orge ont déjà été distribués aux éleveurs qui disposent, dans certaines régions de la wilaya, notamment en zones steppiques, de réserves fourragères constituées par les mises en défens. Autant dire que nourrir un cheptel de plus d'un million de têtes devient un vrai casse-tête à moins que des pluies salvatrices ne viennent infléchir la tendance.