Interrogé au siège de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, où s'est déroulée la cérémonie de remise des diplômes MBA Exécutif aux lauréats de l'Ecole supérieure algérienne des affaires, le directeur général de cette école d'excellence management, M. Bruno Ponson, a bien voulu répondre à nos questions. Des diplômes viennent d'être décernés aux lauréats de la première promotion de managers formée par la jeune Ecole supérieure algérienne des affaires (ESAA) que vous dirigez. Est-ce là le signe d'un bon départ ? Effectivement. Il s'agit là de notre première promotion, l'ESAA n'ayant, comme vous le savez, que deux années d'existence. Quelque 25 cadres dirigeants en poste ont obtenu le diplôme de MBA Exécutif au terme d'une formation de 18 mois qui a commencé en janvier 2005. La plupart de ces lauréats sont des dirigeants d'entreprises de différentes branches d'activités relevant aussi bien du secteur public que privé. Un peu plus de 50% des lauréats viennent du secteur privé. Que peuvent apporter de nouveau ces MBA Exécutifs à leurs entreprises et plus largement à l'économie algérienne ? On a appris à ces chefs d'entreprises ce qu'il y a de plus moderne à entreprendre en matière de management. Grâce aux outils acquis à la faveur de la formation, ils pourront développer des actions bénéfiques à leurs entreprises. En Algérie, où l'environnement des affaires n'est pas encore au point, les chefs d'entreprises doivent apprendre à gérer sous contrainte. La formation que dispense l'ESAA tient-elle compte de cette donnée ? Les chefs d'entreprises en question ont déjà l'habitude de gérer sous contrainte. Ce qu'on leur donne, ce sont des outils modernes et efficaces de management qui pourront les aider à faire face plus aisément aux contraintes, qui du reste existent, à une échelle plus ou moins grande, dans tous les pays du monde. La formation dont ils ont bénéficié leur permet, à titre d'exemple, de mieux comprendre le fonctionnement des multinationales pour mieux les affronter, et pourquoi pas, implanter leurs entreprises dans d'autres pays. Est-ce que nos entreprises algériennes savent exactement ce qu'elles veulent en matière de formation ? Le problème que vous évoquez est effectivement compliqué. En Algérie, tout le monde semble être conscient du fait qu'il y a une grande et inévitable ouverture. Et que, par conséquent, il faut s'y préparer. Le problème qui se pose alors aux entreprises est de savoir comment organiser la formation. L'importance de l'enjeu semble être bien compris puisque les entreprises disposant de plans de formation sont de plus en plus nombreuses et les instituts de formation chaque année plus nombreux. Le plus important consiste à élaborer des plans de formation conformes aux objectifs stratégiques des entreprises. On constate une forte déperdition de MBA formés à grands frais par leurs entreprises qu'ils ne rejoignent pas une fois formés ou qui sont marginalisés par les dirigeants des entreprises qu'ils réintègrent… C'est, malheureusement, une réalité. Mais cela dépend de la façon avec laquelle l'entreprise conçoit sa politique de formation. Si elle a conscience que la formation coûte chère et que, de ce fait, elle doit être considérée comme une récompense à un cadre qui a déjà fait ses preuves et en qui elle a confiance, les choses ne peuvent que très bien se passer. En tout état de cause, une entreprise ne doit pas faire de cadeaux. Former des MBA, c'est miser sur des cadres qui ont du potentiel, auxquels on doit donner un surcroît de responsabilité, une fois formés.