Le problème de la surcharge des classes refait surface cette semaine dans la wilaya de Boumerdès, à l'occasion de la rentrée des élèves du préscolaire. Durant ces trois derniers jours, des centaines de parents d'élèves, venus de différentes localités de la région, ont protesté devant la direction locale de l'éducation. Les concernés dénoncent «le refus» des directeurs des écoles primaires d'admettre leurs enfants à suivre des cours du préscolaire au motif de manque de places. A l'école Mokrani Hocine de Chabet El Ameur, seuls 25 élèves ont été acceptés dans le préscolaire sur 76 postulants, dira un parent. Idem à l'école Doudah Ali, où 59 enfants n'ont pas été admis à cause de la surcharge des classes. Ce problème se pose dans 90% des écoles de la wilaya. Le cycle primaire connaît un déficit de 420 salles de classe, dont 160 dans la daïra de Khemis El Khechna et 110 dans celle de Boudouaou, 47 à Bordj Menaiel, 30 aux Issers, 38 à Boumerdès, etc. La situation s'est compliquée à cause du gel de 60 projets d'écoles primaires depuis 2014. Aujourd'hui, d'aucuns savent que le préscolaire n'est pas une obligation et que la loi limite à 25 le nombre d'élèves par classe, mais tous les parents s'empressent à y inscrire leurs enfants. Pour Moula Si Yousef, un membre du bureau local Cnapest, «la tutelle doit soit accepter tous les élèves, soit annuler le préscolaire pour atténuer la surcharge des classes». «Les écoles sont des lieux où on dispense le savoir, mais certains veulent les transformer en garderies d'enfants», dénonce-t-il. Face à la surcharge des classes, des milliers de parents se sont rabattus sur les écoles coraniques et les mosquées, tandis que d'autres, notamment les plus nantis, recourent aux crèches. En effet, ils sont 3750 enfants de moins de six ans à fréquenter les lieux de culte de la wilaya, a-t-on appris de source confirmée. 1724 élèves «étudient» dans les 9 écoles coraniques de la région et 2026 autres ont été admis dans des classes ouvertes au niveau des mosquées, a-t-on ajouté. Cependant, outre le niveau des enseignants, beaucoup d'interrogations pèsent sur la nature des programmes dispensés aux élèves, notamment dans les localités où le conservatisme et l'extrémisme religieux restent intacts. Il y a quinze jours, un imam d'une mosquée relevant de la commune de Bordj Menaïel s'en est pris vertement à la ministre de l'Education nationale. Dans son discours, prononcé lors de la prière du vendredi, il a critiqué les programmes scolaires qui, selon lui, «s'éloignent de plus en plus des préceptes de l'islam». L'imam a alors invité les fidèles ayant des enfants à inscrire en préscolaire de les emmener plutôt suivre des cours coraniques à la mosquée. «Vous savez tous qu'il n'y a pas de places pour tout le monde. Ensuite, sachez que la mosquée est le seul endroit où l'enfant peut s'imprégner des préceptes de la charia. Car les programmes dispensés actuellement à l'école n'ont rien à avoir avec notre religion», a-t-il déclaré devant des centaines de fidèles, dont certains étaient restés médusés devant la gravité de cette assertion et le but recherché par le prêcheur du jour.