M. AbdeIkrimUn sondage réalisé entre janvier et février 2005 à Alger par le Mediterranean School Survey Project on Alcohol and Other Drugs (MEDSPAD Algérie), en collaboration avec le groupe Pompidou et le soutien du ministère de l'Education, a montré que 17% des garçons scolarisés, âgés de 15 à 16 ans, ont déclaré avoir expérimenté le cannabis, 13% ont indiqué en avoir consommé une seule fois durant l'année, contre 9% au cours du dernier mois. Chez les filles du même âge, la prévalence est beaucoup plus faible puisque 2% seulement ont déclaré avoir expérimenté le cannabis et le nombre de consommation durant une année ou au cours du dernier mois se situe autour de 0,6%. Ce sondage, dont les résultats ont été présentés hier à Alger lors de la conférence internationale sur le rôle de la recherche scientifique dans l'élaboration des politiques de lutte contre la drogue, a touché plus de 3000 élèves (dont 60% de filles) répartis à travers 36 établissements et 108 classes. Les élèves de 15 à 16 ans représentent 60% de la population sondée. En ce qui concerne les psychotropes, l'enquête a révélé que 15% des garçons et 13% des filles ont reconnu avoir eu accès à ces produits et ils sont 9% et 7% à les avoir consommés au moins une seule fois durant l'année. La prise au cours du dernier mois est respectivement de 7 et 6%, selon les enquêteurs. Pour ce qui est de la consommation du tabac, le sondage a révélé que 4 garçons scolarisés et une fille sur 10 ont déclaré avoir fumé au moins une fois dans leur vie. Les consommations au cours des 12 derniers mois et des 30 derniers jours sont plus faibles, avec 26% et 23% des garçons interrogés et à peine 5 et 3% des filles. La plupart des élèves sondés restent de simples expérimentateurs du produit. Le cas échéant, cette initiation est d'ailleurs relativement précoce, souvent avant l'âge de 13 ans, et le tabac est le produit le plus tôt essayé parmi les quatre substances étudiées, à savoir le cannabis, le tabac, l'alcool et les psychotropes. La consommation d'alcool par les élèves algérois est très faible, selon l'enquête. « Comme pour le cas du tabac, mais à des niveaux moindres, les élèves qui déclarent avoir consommé sont surtout des expérimentateurs. La consommation durant la vie concerne 14% des garçons et 3% des filles. 7% des garçons et 1% des filles ont reconnu avoir bu de l'alcool au cours des douze derniers mois et ils sont respectivement 6% et 1% au cours des 30 derniers jours... », a déclaré le professeur Soumaya Zeghnoun qui a présenté l'enquête. Risque Celle-ci, a-t-elle précisé, a permis de fournir quelques données sur la perception que les jeunes élèves ont de la dangerosité des produits et de leurs usages. Il a été constaté, a-t-elle noté, l'homogénéité des points de vue à l'égard des substances. Les élèves âgés de 14 à 17 ans ont considéré dans leur grande majorité, soit 60%, que la consommation des 4 produits cités fait courir un grand risque, sans pour autant faire de différence entre les consommations occasionnelles et régulières. Ils ont exprimé majoritairement une attitude hostile à l'égard des usagers, puisque 9 sur 10 se sont déclarés contre les consommateurs de cannabis (occasionnellement ou régulièrement). La réprobation est quasiment aussi nette vis-à-vis des consommateurs d'alcool puisqu'ils sont 9 sur 10 élèves à être contre. En outre, 83% des élèves ont exprimé leur hostilité contre les consommateurs occasionnels de psychotropes et 85% contre les consommateurs réguliers. En conclusion, Mme Soumaya Zeghnoun a déclaré que les niveaux d'expérimentation ou d'usage à 15-16 ans sont dans l'ensemble relativement faibles, mais les garçons sont davantage expérimentateurs et consommateurs de produits psychoactifs que les filles. Pour ce qui est de la hiérarchie des produits consommés, elle diffère sensiblement pour les deux sexes. Le produit le plus consommé chez les garçons est le tabac et le moins est l'alcool. Pour les filles, les médicaments arrivent en tête et le cannabis en dernière position, même si là encore l'alcool est peu répandu. « L'éloignement relatif de produits s'accompagne d'un niveau de crainte élevé concernant les risques que leur usage fait encourir et d'une attitude défavorable vis-à-vis des consommateurs. » Une autre enquête réalisée par le professeur Hassiba Razk-Kallah, chef de service de pharmacologie-toxicologie au CHU d'Oran, sur les patients en cure de désintoxication durant la période de 2004-2005. Ainsi, sur les 251 patients pris en charge, 97% sont de sexe masculin avec une proportion de 55% pour la catégorie dont l'âge est compris entre 20 et 29 ans, de 21% pour la tranche des 30-39 ans avec une limite supérieure à 24 ans, et inférieure à 13 ans. L'enquête a montré que 84% des patients sont célibataires, 12% seulement ont un salaire et 3% sont universitaires. Le tabac représente 91% des patients atteints, suivi de l'alcool avec 72% des sujets. 19% des patients présentent des problèmes graves liés à l'alcoolémie, et 45% souffrent plutôt de problèmes plus légers. L'enquête a révélé que 94% des patients ont déclaré avoir consommé de la drogue, et 71% d'une manière régulière. 55% d'entre eux présentent des problèmes graves et 28%, plus légers. Les drogues utilisées sont majoritairement les tranquillisants, comme le Votril, suivis des solvants (diluant, la colle, etc.) qui occasionnent des lésions beaucoup plus dangereuses. Mme Razk-Kallah a conclu en appelant à la mise à la disposition des psychiatres des tests de toxicologie, un meilleur suivi des toxicomanes au moment des cures et surtout un meilleur contrôle des prescriptions médicales et des réseaux de distribution et de commercialisation des psychotropes.