A sa sortie du port de Béjaïa, le ministre s'est retrouvé en face des travailleurs de Cevital qui se sont rassemblés, sous l'œil de la police, munis de banderoles dénonçant le blocage de l'investissement du groupe agroalimentaire. Le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaalane, en visite de travail hier dans la wilaya de Béjaïa, a évité l'encombrant dossier Cevital et n'a montré aucune disposition à en parler. Acculé par une interrogation d'El Watan, à une occasion presque arrachée à l'intérieur de la résidence d'hôtes, le ministre a fui la question préférant bifurquer vers le sujet de la pénétrante autoroutière dont il a inauguré, pendant la journée, un bout de 10 km. «Elle vous fera gagner une heure de temps», a-t-il préféré nous répondre. Visiblement, le sujet est gênant. «Elle ne vous plaît pas la pénétrante ?» s'est empressé de nous répondre en premier le wali. Sur le blocage de l'investissement de Cevital, point de réponse. Abdelghani Zaalane refuse d'en parler, laissant voir et comprendre que le dossier l'encombre et le dépasse. Il le dépasse quand bien même il est le premier responsable du secteur des Transports, là où se trouve le blocage de l'investissement de Cevital. Un peu plus tôt dans la journée, à Akhnak, du côté d'Akbou, lors de l'inauguration du tronçon autoroutier, il a été interpellé par le député RCD Athmane Maazouz sur le blocage du matériel de Cevital destiné pour son unité de trituration de graines oléagineuses. En aparté, le ministre rappelle au député qu'il l'avait déjà interpellé sur le sujet en plénière de l'APN lors de la présentation, le 19 septembre dernier, du plan d'action du gouvernement. «J'en ai pris note, le dossier est sur le bureau du Premier ministre. Il faut attendre», a répondu Abdelghani Zaalane. La suite viendrait du Premier ministre Ahmed Ouyahia, dont le non-empressement à intervenir encourage à croire que le dossier le dépasse, lui aussi, et qu'il relève d'autres cercles du pouvoir. Interpellé aussi par la députée Nora Ouali du RCD, Abdelghani Zaalane a eu, en fin de journée d'hier, les mêmes réponses de renvoi à Ahmed Ouyahia et s'est montré non moins gêné. Le ministre venait de sortir du port à l'entrée duquel s'étaient rassemblés des travailleurs de Cevital, sous l'œil de la police, munis de banderoles dénonçant le blocage de l'investissement du groupe agroalimentaire. Gardés à distance du ministre, leurs représentants ont pu remettre une lettre à son protocole. La solution du conflit entre le port de Béjaïa et Cevital dépasse la sphère économique du pays. Elle est de nature politique et la fuite en avant du ministre des Travaux publics et des Transports n'a fait que le confirmer.