Avec ses 120 000 habitants et ses 29 000 km2, la commune de Réghaïa, située à 30 km à l'est d'Alger, vit aux rythmes des tourments, des coups bas et de l'injustice au quotidien. Après les enquêteurs de la brigade de recherche économique et financière du groupement de la gendarmerie nationale d'Alger qui se poursuivent toujours, voilà que l'« opposition » à l'exécutif communal monte encore une fois au créneau. Le P/Apc et ses vice-présidents auraient été, tout au long de leur mandat, derrière de nombreuses malversations, d'après nos interlocuteurs. En témoigne, disent-ils, le déplacement, au mois de septembre 2004, d'une ligne électrique de basse tension au profit d'un particulier sur les fonds propres de l'Apc et ce, pour un montant de 65 millions de centimes. Cette somme faramineuse, ajoutent-ils, aurait pu être honorée par le citoyen comme le stipule le règlement. Documents à l'appui, ces élus, qui se sont déplacés à notre niveau, ont fait état de surfacturation de la marchandise (matériaux de construction, quincaillerie et articles de ménage) acquise par la commune auprès d'un seul magasin qui s'est avéré être celui du père et du fils du maire. Nos interlocuteurs ajoutent que les factures pro forma n'ont jamais été établies et que la TVA n'a jamais figuré sur les factures. Le P/Apc aurait délivré, au mois de juin dernier, des ordres de services (ODS) pour le lancement des travaux « pour la transformation d'une impasse en rue commerçante » au niveau de Mohamed Bouzidi. Les raisons, expliquent nos interlocuteurs, sont que des locaux commerciaux d'un parent du P/APC s'y trouvent. Ce projet, d'un montant de 800 millions, ajoutent les élus de l'opposition, aurait été sectionné en deux parties « afin d'éviter l'avis d'appel d'offres et les articles 117-118-119 et 120 du code des marchés publics », précisent-ils. Ces derniers assurent qu'un autre projet portant sur l'élargissement des trottoirs a été lancé au niveau du parking d'une cité alors que ce dernier a été réalisé en 2002, ce qui constitue « un bradage flagrant des deniers publics », se désolent nos interlocuteurs. Plus loin encore, les élus de l'opposition attestent que l'assiette de terrain de la salle omnisports, en chantier, a été amputée de pas moins de 600 m2 « offerts », au mois d'août dernier, à un des voisins de cette salle. L'exécutif communal aurait octroyé, selon eux, des locaux commerciaux d'une superficie de 200 m2 et de 220 m2 à des « connaissances » au niveau du marché hebdomadaire et qu'il serait derrière la fraction en cinq tranches du projet de réhabilitation du siège de l'Apc accordé, d'après eux, à une seule entreprise. La réparation des engins et véhicules de la commune se fait, selon les élus de l'opposition, auprès du frère du vice-président chargé de l'urbanisme, propriétaire de la coopérative Comaph, spécialisée dans les services agricoles. Contacté, Hassan Malaoui, l'élu chargé de l'urbanisme, se défend et affirme que la société est étatique et qu'elle n'appartient pas à son frère. « Je ne suis pas l'ordonnateur, mais je peux vous dire que cette société étatique pratique des prestations moins chères que ceux du secteur privé. » Notre interlocuteur ajoute que les élus « qui se disent de l'opposition ont été les premiers, par le passé, à recourir à ce genre de service ». Le vice-président chargé des affaires sociales et culturelles est accusé, quant à lui, d'avoir distribué, d'une « manière unilatérale », pas moins de 900 étals au marché communal. Ahmed Makhloufi affirme de son côté qu'il a été acquitté par la justice pour cette même accusation. « J'ai été convoqué par la justice en 2004 pour cette même accusation, et j'ai été acquitté », a-t-il déclaré. Nous avons tenté d'avoir la version du P/Apc mais ce dernier a refusé de s'exprimer au téléphone. Il est resté introuvable au niveau du siège de l'Apc, malgré nos multiples déplacements.