Le coût de la prise en charge du cancer était parmi les thèmes débattus lors du 1er congrès de la faculté de médecine, organisé les 26 et 27 octobre à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Les participants ont souligné que cette pathologie, qui affecte en Algérie 45 000 nouveaux patients/an, représente un véritable problème de santé publique, compte tenu des dépenses faramineuses de prise en charge, notamment la hausse des prix des médicaments sur le marché mondial. En 2010, l'impact financier mondial était de 1160 milliards de dollars. Au Maroc, le cancer représente une ardoise de 8 milliards de dirhams de dépenses (732 millions d'euros), contre 180 milliards de dinars (1,4 milliard d'euros) en Algérie, coût total du Plan national anticancer sur la période 2015-2019, dont 77 milliards de dinars pour le programme d'investissement en cours et plus de 100 milliards pour l'exploitation des centres anticancer et des unités d'oncologie. «Le cancer représente un problème majeur de santé publique, aucun pays au monde n'a encore réussi à infléchir de manière significative la courbe de progression de cette maladie. Le cancer est une charge lourde de par son coût, la souffrance et les années de vie perdues», a indiqué Dr S. Chekroun de la direction de la santé de la wilaya de Tizi Ouzou. Malgré les énormes efforts déployés pour la promotion et la défense de la santé dans le domaine du cancer (financement, infrastructures, équipements, moyens humains, multiples initiatives), les défis à venir doivent être amplifiés, mieux organisés et rationnalisés afin d'en améliorer les résultats, a-t-elle plaidé. A travers le Plan national cancer, il s'agit pour les autorités sanitaires d'impulser un nouvel élan porteur d'une vision stratégique renouvelée centrée sur le malade, d'avoir comme principal objectif la réduction de la mortalité des patients par cancer. L'amélioration de la démarche préventive contre les facteurs de risque et de la qualité de vie pendant et après le traitement du malade, l'accès aux soins pour tous les citoyens, sont parmi les autres objectifs assignés à ce plan, a-t-elle ajouté. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, où le nombre de malades est passé de 200 nouveaux cas/an (2006) à 1250 nouveaux cas (2016), selon Dr Toudeft, le service d'oncologie consomme à lui seul la moitié du budget du CHU, vu le coût des soins et le nombre important de patients pris en charge : 9850 cas de chimiothérapie en 2016, dont 20 nouveaux cas/semaine. Le coût de la prise en charge d'un cas de cancer colorectal dans ce service, durant trois mois, est de 1 217 400 DA, contre 1 404 440 DA pour un cancéreux du poumon et 887 130 DA par malade pour le cancer du sein. Durant ces deux dernières années, un total de 2388 cancéreux ont été traités au niveau du même service, a signalé Dr Sedkaoui. L'un des problèmes majeurs auxquels sont confrontés les malades est l'accès au scanner, l'IRM et l'échographie, une situation qui les pousse à se rabattre sur le privé pour effectuer les examens au prix fort. «Des patients vont jusqu'à vendre leurs biens personnels pour se faire soigner», a révélé le gérant d'une clinique privée spécialisée dans le diagnostic et le traitement des pathologies cancéreuses. Outre le sujet principal portant sur la cancérologie, certaines localisations particulières ont été abordées dans des domaines spécialisés, comme la biologie, les cancers professionnels et le dépistage, la fibroscopie chez l'enfant, etc. La problématique de la refonte des études médicales en Algérie, initiée par le ministère de l'Enseignement supérieur et qui sera préparée pendant l'année 2018, a été également à l'ordre du jour des travaux. Intervenant à l'ouverture de cette journée, le doyen de la faculté de médecine de Tizi Ouzou, Pr Messaoudi Abdelkrim, a déclaré que ce congrès «doit servir de catalyseur à d'autres événements scientifiques et de recherche pour améliorer la qualité de la formation, à laquelle le ministère de tutelle accorde une importance capitale».