Le patron de l'ex-parti unique tente de régler ses comptes avec le patron du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sans le citer. Qu'est-ce qui fait courir le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès ? C'est la question que se posent, ces derniers jours, les observateurs de la scène nationale. Et pour cause, l'homme a transgressé aussi vite le serment fait «de ne pas évoquer, dans l'immédiat, la présidentielle de 2019». A peine 15 jours après avoir pris cet engagement, le sénateur du tiers présidentiel fait, tout à fait, le contraire. En effet, le patron du FLN multiplie les déclarations au sujet du scrutin présidentiel de 2019 et assure, à qui veut l'entendre, que la présidence est «une chasse gardée» de l'ex-parti unique. C'est ce qu'il a réaffirmé, dimanche dernier, à l'occasion de l'ouverture de la campagne électorale pour les locales du 23 novembre prochain. Alors qu'il était attendu sur des questions relatives au développement des collectivités et des solutions que son parti aura à proposer pour sortir le pays de la crise actuelle, Djamel Ould Abbès fait dans la fuite en avant. Faute, vraisemblablement, de propositions convaincantes sur les différents sujets en relation avec l'actualité de la campagne, il préfère botter en touche. Le patron de l'ex-parti unique tente de régler ses comptes avec le patron du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sans le citer. «Ceux qui font des calculs pour 2019 se trompent. Ils ne devront pas compter sur le soutien du FLN qui aura son propre candidat», lance-t-il lors d'un meeting animé au Palais des nations à Club des Pins. Certes, le spécialiste dans la collecte des motions de soutien pour les mandats précédents du chef de l'Etat n'évoque pas, pour l'instant, «la cinquième mandature», mais son insistance à parler de la présidentielle trahit ses arrière-pensées et, surtout, celles de ceux qui sont postés derrière les rideaux : préparer la prochaine échéance et éviter toute surprise. En tout cas, Djamel Ould Abbès en est à sa deuxième déclaration sur la présidentielle en moins d'une semaine. Sans révéler l'identité du candidat, le patron du FLN a affirmé, mercredi dernier, que «le futur Président sera du FLN». Mais à force de discourir sur ce sujet, il a fini par se trahir en évoquant, dans une ancienne déclaration, le nom du frère cadet du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika. Est-il chargé de baliser le terrain pour la succession familiale ? Veut-il refroidir les ardeurs du patron du RND, Ahmed Ouyahia, qui vient d'être remis en selle suite à sa nomination à la tête du gouvernement ? Rien n'est moins sûr, d'autant que Djamel Ould Abbès se considère comme l'un des porte-voix du clan présidentiel et ses agissements répondent, souvent, à des orientations venues «d'en haut», comme il aime à le répéter.