A 48 heures du vote de jeudi pour l'élection d'une nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), les deux partis de la majorité parlementaire sont sur le qui-vive. L'enjeu du scrutin dépasse, cette fois-ci, les sièges de la Chambre basse du Parlement, d'autant qu'il y aura dès le lendemain une nouvelle reconfiguration de la scène politique, la constitution d'un nouveau gouvernement et donc une carte qui va définir l'avenir du pays à deux ans de la présidentielle de 2019. La campagne électorale qui a pris fin dimanche a, tout au long de ces 21 jours, démontré la rivalité entre les «deux béquilles» du pouvoir, alors que la logique aurait exigé qu'elles fassent front commun contre les partis de l'opposition présents en force dans la course. Pour les deux secrétaires généraux du FLN et du RND, l'opposition «divisée» n'est pas vraiment un souci. Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia ont passé presque les deux dernières semaines de la campagne à échanger des amabilités, renvoyant l'image d'une «majorité» en manque de cohésion. Bien que la démocratie et les règles de la concurrence suggèrent qu'il y a divergences dans les idées et les propositions, force est de constater que les deux partis de la majorité parlementaire ont versé dans l'attaque comme s'ils n'étaient pas alliés dans le gouvernement. Ahmed Ouyahia est allé même jusqu'à critiquer la politique de l'Exécutif. Le patron du RND, qui s'est beaucoup investi dans la campagne, a axé son discours sur les propositions de son parti qui s'inspirent du programme du président Abdelaziz Bouteflika mais appelées à être «adaptées à la conjoncture actuelle». Tout à fait le contraire de Djamel Ould Abbès qui n'a pas cessé un instant de crier, au nom du FLN, la paternité des «réalisations» de l'Etat depuis l'indépendance. L'hystérie du patron de l'ex-parti unique l'a poussé à plusieurs reprises à confondre le FLN historique et l'actuel parti qu'il dirige. Une «légitimité» qu'il réclame et qui lui a fait dire que «le FLN est l'Etat». De graves dérapages qui, sous d'autres cieux, lui auraient valu une pluie de réactions, d'indignations, voire même des poursuites judiciaires. Dans ses attaques, Ould Abbès a, à maintes reprises, qualifié le RND de «parti né avec la moustache». C'est dire à quel point la guerre FLN-RND a dominé la campagne et pris un large espace dans la couverture médiatique. Et il faut le dire : ce n'est pas par pur hasard que ces deux partis échangent des accusations. Derrière cette tactique, il y a l'enjeu des rapports de force que chacun cherche à basculer en sa faveur en prévision des législatives et à la veille de la présidentielle. Si pour le renouvellement des membres de l'APN, les deux partis seront obligés de faire alliance pour pouvoir voter des lois et former le prochain gouvernement, ce n'est pas le cas pour l'échéance de 2019. Dans la perspective de celle-ci, il est question de montrer que le parti est capable de présenter un sérieux prétendant à la présidence de la République. Et pour l'instant, l'on est loin d'admettre que les deux partis font campagne pour un seul candidat, comme c'était le cas depuis 1999 pour Bouteflika. Il y a en effet de forts indices que cela pourrait se jouer entre, d'un côté le Premier ministre Abdelmalek Sellal, dont l'appartenance au FLN est désormais du domaine public, et de l'autre Ahmed Ouyahia, qui attend toujours «sa rencontre avec le destin».