Djamel Ould Abbès a amené le FLN à… perdre 44 sièges à l'Assemblée populaire nationale (APN). Les résultats provisoires des élections législatives de jeudi dernier ont démontré, pour ainsi dire, la déroute de l'ex-parti unique malgré qu'il reste en tête de classement du nombre de députés. Avec 164 sièges, le Front de libération nationale (FLN) dont le SG avait beau crier durant la campagne électorale que son parti allait «rafler la majorité», a cédé du terrain à son frère ennemi le RND qui, lui, a été gratifié de 97 sièges. Dans l'actuelle APN, le FLN est représenté par 208 députés. C'est dire la chute libre qu'a faite le parti du président Abdelaziz Bouteflika dans une élection qui semble refléter le réel poids de chaque formation politique. Pour Ould Abbès qui a réagi, hier, aux résultats, «il n'y a pas de régression». «Les lois du jeu ont changé depuis 2012. Désormais, il y a aussi 36 partis représentés au Parlement», a-t-il déclaré, expliquant que «les voix se sont éparpillées». Malgré ce score, justifie le patron du FLN, «le parti a préservé son électorat parmi les citoyens et les militants» et «reste donc la première force sur la scène politique pour les prochaines années», a-t-il soutenu. Cependant, il serait trop naïf d'analyser à basse échelle comme le fait Ould Abbès, alors que l'on est à deux ans d'une élection présidentielle ouverte à tous les scénarios. En vrai, du recul du FLN se dégage un certain rejet d'une partie de ses électeurs particulièrement et du peuple de façon générale. Et il ne faut pas aller chercher les raisons loin. Le discours entretenu depuis l'arrivée, en octobre 2016, de Djamel Ould Abbès, a réduit le FLN qui est déjà un «appareil» de l'Etat à son strict rôle de parti de masse servant d'allégeance. Dire que «le FLN est l'Etat» n'est pas vrai ! Sinon, les résultats du scrutin l'auraient bien confirmé. De plus, tout au long de la campagne, Ould Abbès a fait dans la promotion de son discutable «passé de moudjahid» et sombré dans des propos, le moins que l'on puisse dire, des plus ridicules, du genre «le FLN a libéré le pays», «Okba appartient au FLN» ou encore «nous allons gouverner pour 100 autres années». Un discours qui ne fait pas recette chez les Algériens ou plutôt les électeurs qui ne s'inscrivent plus dans le populisme et semblent plus enclins à voir la réalité en face. Le FLN version Djamel Ould Abbès a non seulement perdu 44 sièges à la Chambre basse du Parlement, mais a cédé du terrain au RND qui gagne donc 29 sièges, ajoutés aux 68 qu'il possède déjà dans l'actuelle APN, fruit de l'implication du SG du parti Ahmed Ouyahia qui a fait une campagne à la hauteur, de l'avis de tous les observateurs. S'il y a enfin une leçon à retenir de cette déroute, c'est que le FLN d'Ould Abbès dont l'avenir à la tête du parti est incertain, se trouve fragilisé à la veille de la présidentielle de 2019. Ce qui relance le débat sur ses capacités à présenter un candidat capable de faire consensus et au sein du «sérail» et dans la société. Tout à fait le contraire d'Ahmed Ouyahia qui, par sa montée, malgré des soupçons de fraude, conforte son image de présidentiable. Par ce vote-sanction, une partie des Algériens semble crier «basta le statu quo» !