Réveil tardif, mais réveil quand même. L'Etat, après des années de tergiversations, semble décidé à s'attaquer à la remontée des eaux de la nappe phréatique dans la région d'El Oued. Les conséquences désastreuses du phénomène sur les plans écologique, économique, social et sanitaire ont incité les pouvoirs publics à agir rapidement avant que la situation ne soit irréversible. Le 21 novembre dernier, le ministre des Ressources en eaux, Abdelmalek Sellal, annonçait que son département a dégagé 25 milliards de dinars pour assainir la ville et protéger la nappe et les forages de la pollution. Sur place, le groupement algéro-chinois Sinohydro-Cosider TP, sélectionné pour réaliser les deux réseaux d'assainissement et de drainage des eaux de la nappe, a déjà entamé depuis six mois les travaux de la première tranche. Les deux réseaux, explique le directeur des travaux de Cosider, Abdelmajid Djafri, seront canalisés sur le collecteur principal qui fera le transfert sur un linéaire de 47 km vers le site de rejet, chott Ouloufa, situé au nord d'El Oued. Le choix du site, d'anciens marécages, est justifié d'après le responsable par le fait que le point est géographiquement bas (70 m au-dessous du niveau de la mer) et surtout pour son emplacement isolé. Y a-t-il un risque que l'eau revienne dans la vallée d'El Oued ? Non, rassure le directeur. L'étude technique réalisée par le bureau suisse Bonnard et Gardel (BG) a été faite pour donner une « certaine allure » au mouvement de l'eau. Le directeur technique, Hodni Yacine, explique par ailleurs que ce sont les eaux usées qui alimentent la nappe phréatique. Sans omettre l'apport considérable des eaux de pluie. L'absence d'un réseau d'assainissement couvrant la trentaine de communes d'El Oued paraît comme un fait presque irréel pour une wilaya dont le nombre d'habitants dépasse largement le demi-million. Le réseau d'assainissement est supplanté localement par les « puits perdus » et les fosses septiques. La ville en compterait actuellement plus de 40 000. Le dispositif prévoit également des stations de relevage (au centre-ville) et de pompage à Kouinine. Le projet prévoit en totalité 18 stations de traitement et de relevage. Une partie des eaux sera traitée pour être réutilisée, dans l'irrigation notamment, l'autre partie sera canalisée vers le rejet. La quantité d'eau stockée à El Oued était, il y a quelques années, évaluée à 80 millions de m3/an Le groupement, qui s'est partagé le projet en 5 lots de travaux distincts, cible en cette première étape les communes du centre d'El Oued (Biadah, Rebah et Kouinine), dont le réseau d'assainissement en cours de réalisation sera relié à un collecteur principal. Les eaux de la nappe subiront par ailleurs un drainage vertical à partir des 58 forages. L'objectif de cette opération est de rabattre le niveau de la nappe, à l'horizon 2030, de 2,5 m. A moyen terme, soit vers 2010, les responsables du projet ambitionnent de faire baisser le niveau de celle-ci de 1,5 m. « Le pompage se fera à raison de six litres par seconde par forage Actuellement, la nappe est à 8 m du sol et, à certains endroits, elle n'est qu'à deux ou trois mètres », affirme le directeur technique. Il ne s'agit par de « déplacer » la nappe phréatique, mais de la rabaisser et de la maintenir à un niveau dynamique, conclut-on. Le projet devrait s'achever, si les délais contractuels étaient respectés, en juin 2008. Le coût des travaux de cette première étape est de l'ordre de 8 milliards de dinars.