La consommation annuelle de la wilaya, qui s'élève à 160 millions de m3, équivaut le contenu du barrage de Keddara. Les journées techniques et scientifiques sur la qualité de l'“eau dans le Sud” organisées depuis hier, et ce, pour deux jours dans la wilaya d'El-Oued, se sont révélées être une véritable opportunité pour insister sur un problème diagnostiqué depuis plusieurs années sans pour autant qu'il bénéficie de solutions concrètes et définitives. Les nombreuses visites d'officiels en ces lieux ne se sont pas soldées par des résultats fructueux, au grand dam des habitants de la ville aux mille coupoles qui se noie, petit à petit, sous les regards impuissants des autochtones qui n'ont d'autres choix que de dénoncer. A l'arrivée de la délégation accompagnée d'une armada de spécialistes, de chercheurs et de différents cadres et même des bailleurs de fonds, M. Hattab, le wali d'El-Oued, autant que Abdelmadjid Attar, ministre des Ressources en eau, dans leurs interventions, n'ont pas dissimulé la gravité de la situation ainsi que la pertinence et l'urgence de l'intervention pour y mettre un terme. “Une étude sur un schéma d'assainissement est pratiquement finalisée et les travaux vont être lancés dès l'année prochaine”, a déclaré le ministre. Et d'ajouter : “D'autres actions sont menées en parallèle pour atténuer un tant soit peu la gravité, notamment du phénomène de la remontée des eaux en attendant des solutions radicales et définitives”. En effet, la wilaya d'El-Oued risque d'être engloutie sous l'effet de la remontée des eaux, d'où le recours à un système qui semble, à première vue, donner ses fruits. Les responsables du secteur de l'hydraulique de la région ont indiqué que plus de 9 000 ghouts sont menacés par les eaux. Les autorités concernées ont programmé de remblayer 200 d'entre elles, cette année, pour la somme de plus de un milliard de centimes la seule ghouts. C'est dire que l'opération est coûteuse mais nécessaire et inévitable. Jusqu'à présent, ce sont 139 ghouts qui ont été ensevelies pour lutter contre la remontée des eaux. Le calvaire des habitants d'El-Oued ne s'arrête pas là. Paradoxalement, cette abondance des ressources ne signifie pas que l'eau potable est disponible. Les Soufis, qui consomment annuellement 160 millions de m3, équivalent au contenu du barrage Keddara, sont soumis à un rationnement en eau potable qu'ils achètent à 1-2 dinars le litre, qui vient des villes voisines (Biskra, Goléa et Tébessa). L'eau entartrée opère des ravages dans les canaux qui deviennent caducs. En outre, elle est distribuée non traitée et à une température de 60 degrés. Autrement dit, de l'eau non-potable. Et le traitement de ces eaux géothermales et saumâtres de la nappe albienne nécessite des technologies spécifiques qui permettent, entre autres, de surmonter l'écueil du dépôt du calcaire dans les réseaux de distribution. Par ailleurs, se pose le problème de l'absence des réseaux de canalisation qui impliquent des rejets “meurtriers” pour la nappe phréatique. La visite du ministre sur chantier a révélé au grand jour qu'il y a un “décalage entre le discours officiel et la réalité du terrain”, même si cette sortie a permis aussi de révéler les efforts consentis par l'Etat pour apporter les solutions requises et non des moindres. Le financement ne semble pas constituer une épine dans le vaste programme suscité même s'il s'agit, encore fois, de sensibiliser et de convaincre. Le Sahara recèle des ressources en eau considérables, dans deux nappes : le complexe terminal et l'albien. La superficie de ces gisements est d'environ 1 million de km2, dont 700 000 km2 se situent en Algérie. Le plus grand réservoir est constitué de l'“albien qui affleure à travers les foggaras dans la région d'Adrar et est à une profondeur de 2 000 m dans la région de Biskra et 900 m dans la région frontalière libyenne”, a avancé le ministre qui a déploré, cependant, la “surexploitation” de cette ressource dans les grands centres tels que Ouargla, Oued Souf, Oued Ghir (Biskra) à telle enseigne que son renouvellement est menacé. N. S.