En grève de la faim depuis le 13 novembre, Hadda Hazem, directrice du quotidien arabophone El Fadjr, s'affaiblit mais garde sa détermination intacte. La vague de solidarité pour cette action extrême de la journaliste s'est organisée en créant un comité de solidarité. En effet, au 6e jour de sa grève de la faim, Hadda Hazem est tremblante et la faiblesse est bien visible sur son visage. Toutefois, sa force surgit dès que ses dizaines de visiteurs quotidiens lui demandent d'interrompre sa grève de peur de mettre ses jours en danger. Une crainte accentuée par la chute de glycémie dans la nuit du vendredi à samedi nécessitant son déplacement à l'hôpital. «Je vais bien ! Je me suis juste évanouie. C'est rien, rétorque-t-elle de son petit sofa placé dans son bureau. Je ne suis pas suicidaire. Mourir ne me servira à rien, sauf à abandonner le champ de bataille. Chose que je rejette totalement de la même force que je rejette ma punition infligée par l'appareil de l'Etat à cause de mes opinions politiques dérangeantes.» Hadda Hazem considère, comme toutes les personnes qui la soutiennent, sa grève de la faim comme l'ultime solution pour défendre sa liberté de penser et de s'exprimer. Elle défend non seulement la liberté d'expression mais aussi aspire à raviver le débat sur l'attribution de la publicité institutionnelle. Côté solidarité, Hadda Hazem n'est, le moins que l'on puisse dire, pas seule. Elle est appuyée dans ses idées et surtout sa détermination par des milliers d'internautes sur la Toile et sur les réseaux sociaux. Mais pas que ! Hier, à la maison de la presse Tahar Djaout (1er Mai), un comité de soutien a été créé. Composé essentiellement de journalistes, ce comité, qui a tenu sa première réunion, hier, au siège du journal El Fadjr, veut certes aujourd'hui porter la voix de Hadda Hazem, mais aussi discuter avec le ministère de tutelle des raisons de la privation ou de la dotation de certains journaux de la publicité étatique. Lever le monopole de l'Etat sur le marché publicitaire, la garantie de distribution équitable d'insertion et aussi parer à l'utilisation de ce créneau comme moyen de pression et de répression de la liberté d'expression sont aujourd'hui les points les plus importants de ce comité. Ce dernier a annoncé son intention de se rendre demain en début d'après-midi au ministère de la Communication, en vue de rencontrer le ministre Djamel Kaouane. Un rassemblement de soutien à la directrice d'El Fadjr est également prévu demain à la mi-journée à la Maison de la presse. Pour mémoire, Hadda Hazem a entamé une grève illimitée de la faim pour dénoncer la privation de son journal de la publicité institutionnelle suite à une intervention qu'elle a faite sur une chaîne télévisée étrangère. Ses déclarations courageuses et ses opinions politiques, notamment quant à la vacance du pouvoir, auraient vraisemblablement déplu à l'appareil de l'Etat qui a décidé de mener son journal vers l'asphyxie financière en utilisant la carte de la publicité. El Fadjr aujourd'hui a subi plusieurs compressions d'effectif, les journalistes y travaillent par brigades et ne touchent que la moitié de leur salaire. Le nombre de journaux tirés est également très faible.