La mise en œuvre du plan initié par le ministère de l'Education nationale et portant sur la prise en charge des élèves de la classe de terminale, à travers le renforcement des cours de rattrapage et de soutien, dépend en grande partie de ce qu'en feront les directeurs. Les chefs d'établissements, placés sous la tutelle de la direction de l'éducation d'Alger ouest, réunis, mardi dernier, au siège de l'Académie d'El Harrach, ont en effet exprimé leurs inquiétudes quant à la concrétisation de ces recommandations. Toute la diplomatie déployée par MM. Slima Mesbah, Saâd Zeghache et Rachid Boulegroun, respectivement directeurs de l'éducation d'Alger-centre, ouest et est, pour faire « avaler la pilule » aux responsables des lycées, n'a pas pu dissiper les craintes quant à un « échec annoncé ». La réunion a été marquée par la présentation, par M. Zeghache, du plan en question et les modalités de son application, dont les directeurs ont déjà pris connaissance. Faisant une lecture intégrale du programme en question, l'orateur a insisté sur le fait que cette « prise en charge » soit entièrement placée sous la responsabilité des chefs des établissements. La présentation de cette « clause » a suscité des murmures dans la salle. C'est uniquement une partie de ces « chuchotements » qui ont été ouvertement exprimés par les concernés. Les directeurs de lycées, qui ont intervenu lors du débat, ont soulevé, tour à tour, le problème de la rémunération des heures supplémentaires, la saturation des matières proposées en mode de rattrapage ou de soutien, le souci de la mobilisation des enseignants et des élèves ainsi que le problème de « l'exclusion volontaire » des parents. « Il y a des enseignants qui attendent, depuis trois ans, leur rémunération quant aux heures supplémentaires dispensées aux élèves des classes d'examens », a rappelé une directrice. Selon elle, les enseignants encore « mobilisables » pour ce type de cours sont les mêmes, du moins au niveau de l'établissement qu'elle gère. L'intervenante n'a pas manqué de s'interroger sur la manière de mobiliser les professeurs dans ces conditions. Abondant dans le même sens, un autre chef d'établissement avoue qu'il est dans l'incapacité de susciter l'intérêt des enseignants, notamment les lundi et jeudi après-midi. « Ils affirment toujours qu'ils ont quelques affaires à régler ou alors qu'ils ont besoin de repos », a-t-il rapporté. L'orateur a rappelé aux présents que beaucoup de professeurs donnent des cours de soutien en privé à l'extérieur de l'établissement, du moment qu'ils sont mieux rémunérés. La saturation des matières proposées en « complément » a été également au centre des préoccupations des chefs d'établissements. « Les volumes horaires des matières indiquées souffrent de la saturation dans les différentes filières de l'enseignement. On conçoit mal comment le candidat au bac puisse s'y consacrer davantage », a fait remarquer une directrice qui parle aussi de « la routine » qui caractérise les séances de rattrapage et de cours de soutien donnés jusqu'ici. Une méthode, estime- t-elle, qui a montré ses limites. « Il faut peut-être penser à réduire le volume horaire des matières essentielles », a suggéré un autre intervenant. Tous les directeurs de lycée ayant pris la parole ont dénoncé « l'exclusion volontaire » des parents, quant au devenir de leurs enfants scolarisés. « Il m'est arrivé, a indiqué un directeur, en fin d'année scolaire, d'envoyer 1000 convocations et de recevoir 12 parents qui répondent par leur présence. » Ils ont salué, par contre, le fait que la tutelle ont fini par codifier une vieille pratique dans les écoles publiques. A toutes les préoccupations du corps dirigeant dans les lycées, les trois directeurs de l'éducation n'ont apporté aucun soulagement. « Il ne faut pas être matérialistes. Si l'enseignant n'a pas touché sa rémunération en contrepartie des heures supplémentaires, il l'aura dans l'au-delà », s'est exprimé un directeur. De son côté, le directeur de l'éducation d'Alger-Ouest a suggéré de mettre en valeur les enseignants qui se mobilisent en faveur de ces cours. « C'est pour susciter la jalousie », a-t-il précisé. Le directeur de l'éducation d'Alger-Est a indiqué que l'organisation de ces cours leur est obligatoire. « Nous sommes conscients du problème de la saturation, mais cela n'empêche pas les élèves de travailler ces matières. » Signalons l'absence des représentants des associations des parents d'élèves, non invités à la réunion.