Aussitôt sorti de sa liesse, tout Tazmalt a enfilé hier sa combinaison pour une journée mémorable de volontariat. Les quartiers de la ville et les localités de la commune se sont transformés en de véritables petites ruches qui se sont démultipliées, nettoyant, raclant, et lavant à grande eau. La population ne s'est pas faite prier pour se prendre en charge et manifester son sens du devoir citoyen. L'après-élection du 23 novembre a ainsi maintenu intacte la mobilisation qui a montré sa soif du changement quand l'alternance au pouvoir fait défaut et étouffe. Hier, Tazmalt a donné l'image d'un village qui respire un air «d'indépendance». Un appel a suffi pour déclencher la dynamique. «Jeudi 23, c'est le jour du vote. Le vendredi nous nous reposerons et samedi nous lancerons un grand volontariat pour nettoyer Tazmalt», avait lancé, aux derniers jours de la campagne électorale, le tête de liste indépendante Assirem (espoir), Redjdal Ghozali, désormais le nouveau maire de la commune. Le temps d'un rappel du rendez-vous et samedi a été le jour d'une autre mobilisation dans les rues de la commune. Des jeunes et des moins jeunes sont sortis qui avec un balai, qui avec une raclette, qui avec les mains nues, pour nettoyer et donner forme à un engouement inégalé. On a raclé les murs et les panneaux d'affichage, les débarrassant de leurs affiches électorales. On a arraché les herbes folles, ramassé des détritus éparpillés et taillé des arbres aux branches penchantes ou débordantes sur l'espace public. D'un coup, le jardin public de la ville, longtemps resté lieu malfamé, a été réhabilité en l'espace d'une journée, débarrassé de ses impuretés. L'extraordinaire engouement a amené les citoyens à engager leurs propres moyens dans le volontariat. Certains ont mobilisé leurs camions pour ramasser et transporter des tonnes de déchets récupérés des endroits nettoyés. Des camionnettes ont même circulé dans les rues livrant des casse-croûtes aux volontaires, qui n'ont pas manqué aussi d'eau et de limonade. Du café, du thé et des gâteaux sont offerts par des mains généreuses, comme dans une fête. L'envie de ne pas rater l'occasion de prendre part à un volontariat historique a poussé beaucoup à se joindre à la joyeuse foule. «Je vous assure que j'ai vu même des vieilles femmes nettoyer», nous affirme un habitant de la ville. Tous les moyens sont bons pour mettre la main à la pâte. «Une personne, gynécologue de son état, a proposé de ramener des pizzas», nous assure Adjaoud Boukhalfa, l'un des 11 nouveaux élus de la liste qui ont retroussé leurs manches. Le volontariat a frôlé l'excitation. Tout a fonctionné dans la spontanéité. Ceux qui disposent de citernes à eau tractées, nombreux d'ailleurs dans cette commune qui souffre du problème d'AEP, ont alimenté les chantiers où on a lavé des trottoirs à grande eau. «Nous n'avons pas imaginé cet engouement. Nous nous en sommes rendus compte lorsque l'on nous appelait d'un peu partout pour nous signaler un manque de sacs…», nous confie Fatah Redjdal, dont la candidature comme tête de la liste Asirem a été rejetée par l'administration, l'empêchant d'être aujourd'hui le maire de la ville. Sans le savoir, par ce rejet, les autorités ont insufflé une extraordinaire dynamique à la liste pour laquelle Fatah Redjdal a fait campagne. Une dynamique fertile et utile pour la collectivité et qui se prolonge. Samedi prochain, le volontariat continuera mais avec la contribution du «conseil de consultation et de construction» qui sera créé avec le mouvement associatif de la commune. Ce sera le premier jalon pour une gestion participative que promet la nouvelle équipe d'élus, qui prendra ses fonctions le 8 décembre prochain.