Le rejet par l'administration de plusieurs candidatures partisanes et indépendantes ne cesse de susciter réprobation et indignation auprès de l'opinion et des acteurs politiques engagés dans la course aux élections du 23 novembre prochain. Si certains partis se sont contentés de dénoncer ces rejets qualifiés de «dérives dangereuses» à travers leurs canaux habituels, ce n'est pas le cas d'autres listes qui ont opté pour des actions de terrain afin de défendre leurs candidats et exiger également leur réhabilitation. C'est le choix notamment de la liste Espoir de Tazmalt dont les principaux soutiens ont investi, hier samedi, les rues de cette ville pour manifester leur colère concernant le rejet par les services de la wilaya de la candidature de Redjdal Fatah, tête de liste. Sponsorisée par Braham Bennadji, député d'une mouvance indépendante appelée Initiative citoyenne, la liste Espoir de Tazmalt s'est vue étêter de son chef de file, Fatah Redjdal. Les motifs du rejet de cette candidature reposent essentiellement sur les dispositions de l'article 79 de la loi organique 16-10 du 25 août 2016 relative au régime électoral. L'administration de wilaya se garde, cependant, de spécifier dans toutes ses décisions de rejet, laquelle des conditions édictées par le fameux article 79, n'est pas satisfaite. Un flou qui a laissé libre cours à une rumeur qui laisse croire que les candidatures rejetées le sont, non pas en égard des critères non remplis par les candidats, mais plutôt au regard de leur profil politique. Les enquêtes menées par les renseignements généraux auraient fait ressortir l'accointance des candidats, objet de refus, avec le MAK, et pesé lourdement donc sur la décision de la DRAG. Le candidat à l'APC de Tazmalt, Fatah Redjdal, est revenu dans une conférence de presse tenue à l'issue de la marche, sur l'invalidation de sa candidature qu'il a qualifiée d'injuste et scandaleuse. «Dès lors que les conditions légales et réglementaires ont été satisfaites, il ne reste plus qu'à rechercher les motifs du rejet ailleurs que dans les considérations juridiques», a déclaré le conférencier. Il refuse cependant de «spéculer sur les arrières-pensées politiques» ayant prévalu à l'écarter de la course. Ce candidat fut, pour rappel, un militant très actif du mouvement citoyen né dans le sillage des tragiques évènements de Kabylie au printemps 2001. Il a même été accusé à l'époque d'avoir conduit une expédition punitive contre la maison de Smaïl Mira, maire au moment des faits. La situation est par ailleurs la même pour le RCD et le PST, qui ont vu la wilaya invalider trois candidatures APC pour le premier et une candidature APW pour le second. Aussi bien pour la formation de Mohcine Belabbès que pour le PST, l'article 79 invoqué par la DRAG cacherait également le souci des pouvoirs publics de préserver l'ordre public menacé par «les mauvaises fréquentations de certains candidats». Pour un cadre du RCD, «il est inimaginable qu'un militant du MAK s'inscrive dans une logique électoraliste, sachant que ce mouvement ne reconnaît pas, au regard de sa philosophie, l'Etat algérien». Même constat du côté du PST dont la tête de liste APW, Kamel Aïssat, estime les conclusions de l'administration «ridicules ". En tout état de cause, les recours présentés par les candidats seront examinés par le tribunal administratif qui rendra son verdict prochainement.