Dans le premier rapport sur la finance islamique publié au début de l'année en cours par la Banque mondiale(BM) et la Banque islamique de développement (BID), les deux institutions ont proposé un cadre théorique pour l'analyse de l'économie et de la finance islamiques s'articulant autour de quatre axes. Il s'agit d'une structure institutionnelle solide accompagnée de politiques publiques appropriées ; une gouvernance prudente et des dirigeants responsables ; la promotion d'une économie basée sur le partage des risques et l'esprit d'entreprise et enfin l'inclusion financière et sociale. Mais pour assurer ces bases, un certain nombre de mesures sont à prendre en considération. La BM et la BID ont mis ainsi l'accent sur l'harmonisation, la mise en place et l'application des réglementations ; la création d'institutions qui fournissent des informations sur le crédit ; le développement des marchés financiers et les sukuks ; l'homologation réglementaire des produits financiers issus d'autres territoires de compétence. Pour cela, le rapport en question préconise : l'établissement d'un cadre de réglementation et de surveillance qui permette de gérer les risques systémiques d'un territoire de compétence à l'autre ; l'introduction des produits et des services de partage des risques novateurs, plutôt que de copier les produits de la finance classique basés sur le transfert des risques ; l'harmonisation des règles de la charia et l'unification des jugements rendus dans le domaine de la finance islamique dans les différents pays ; l'élargissement de l'accès à la finance islamique et, enfin, le renforcement du capital humain ainsi que le développement des connaissances de la population en matière de finance islamique. Des points sur lesquels beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne l'unification des jugements dans ce domaine connaissant les divergences existantes dans ce domaine. C'est le cas aussi pour la formation où la finance islamique est à peine à ses premiers pas dans le secteur public, comme c'est le cas en Algérie. Le rapport met en avant par ailleurs l'importance des institutions et instruments de la finance sociale islamique (qard hasan, zakat, sadaqat, waqf) pour leur permettre de contribuer à la lutte contre la pauvreté, en favorisant en particulier la constitution d'un filet de sécurité pour les personnes qui vivent dans une pauvreté extrême. Il recommande de mettre en place des systèmes de gouvernance en vue d'assurer un fonctionnement plus ordonné de ce secteur. Une recommandation de taille, notamment pour la gestion du fonds de la zakat en Algérie, un dossier sur lequel beaucoup d'encre a coulé. Et ce, d'autant, selon la BM et la BID, que ces fonds sont des viviers de ressources qui, «s'ils étaient exploités, pourraient répondre aux besoins des personnes les plus démunies».