Son process fait appel à une technologie différente d'assemblage par rapport à celle utilisée pour la gamme des pneumatiques fabriqués dans cette usine. Michelin XZ All Roards s'affranchit des contraintes thermiques et procure au transport routier africain et sud-méditerranéen une durée de vie en hausse, et ce, jusqu'à 20%, une meilleure adhérence sur sols secs et mouillés et une meilleure résistance aux agressions répétitives grâce à son nouveau mélange de gomme. Rencontré à cette occasion, Jean-Yves Caux, directeur général de Michelin Algérie, nous a parlé du marché algérien et des contraintes rencontrées. « Michelin est une société qui s'est implantée en 1963 et qui a progressé de façon importante jusqu'en 1993. Michelin avait une part prépondérante du marché des pneumatiques du fait de son implantation industrielle : une usine qui fabriquait des pneus pour poids lourds et pour les voitures particuliers. Du fait des événements qu'a connus l'Algérie et de la difficulté d'obtenir des matières, Michelin a décidé d'arrêter son activité et conservé une petite équipe. Neuf ans plus tard, nous avons lancé un projet de modernisation de l'usine (remplacer les équipements, arrêt de la fabrication des pneus pour voitures pour spécialiser l'usine sur la fabrication des pneus camions) », affirme-t-il. Plus de 40 millions d'euros ont été investis dans cette usine qui emploie 865 personnes et exporte 40% de la production à travers le monde. A terme, l'u ne devrait produire 250 000 pneus/an pour poids lourds.« Les responsables des douanes nous ont dit qu'on était le premier exportateur de produits manufacturés du port d'Alger. Nos produits sont envoyés sur des marchés difficiles comme l'Arabie Saoudite où les conditions de roulage sont extrêmes du fait de la température, de la qualité des routes et de la vitesse des véhicules qui nécessitent des produits de haute technologie, les pays africains et sur les marchés européens », se réjouit-il. Le DG de cette entreprise tient à signaler les entraves rencontrées, car, selon lui, « travailler en Algérie n'est pas simple pour un industriel, c'est quelque chose de difficile, et Michelin Algérie rencontre les mêmes problèmes que toutes les autres entreprises ». La première difficulté est liée à l'efficacité des services de l'Etat. « Quand on est industriel, on a besoin d'avoir un Etat efficace qui apporte un service. Le premier exemple, c'est la qualité de la fourniture électrique : depuis le début de l'année, nous avons eu plus de 57 coupures de courant de plus de 15 secondes, et à chaque coupure, on obtient des produits qui sont dans les presses non conformes, et systématiquement, c'est une perte, c'est la première cause de perte de matière de l'usine. On a rencontré le DG de Sonelgaz et un système a été mis en place pour améliorer la situation d'ici la fin du premier trimestre 2007. Sonelgaz a installé des capteurs pour mesurer cette qualité », explique-t-il. Deuxième accroc : les douanes. « Quand vous fabriquez des produits que vous exportez, il faut que les opérations d'import et d'export se fassent rapidement : on a fait des progrès. Nous avons 2000 conteneurs qui circulent à l'import et export chaque année. En 2005, un conteneur au moment où il arrive au port et au moment où il arrive à l'usine mettait 30 jours ; aujourd'hui, il fait moins de 8 jours. Il faut qu'on arrive à 24h chrono. Un pneu poids lourd importé nécessite le paiement de 15% de droits de douanes ; pour fabriquer les pneus, on a besoin de tringles métalliques qui permettent de tenir le pneu à la roue et on verse 30% de droits de douanes. » Il se plaint en soulignant : « On est la seule usine au monde où les camions n'ont pas le droit de rentrer à l'usine pendant la journée alors qu'on est à 500 m de l'entrée de l'autoroute. Le wali d'Alger a interdit la circulation partout, cela peut se comprendre au centre-ville, mais on est à Bachdjarah. ». Il plaide pour une transparence des marchés. « Aujourd'hui, le marché de l'informel est très grand, les entreprises vendent souvent sans factures, les entreprises qui jouent le jeu sont pénalisées par rapport à des concurrents qui ne respectent pas les règles. Dans certains cas, on est pénalisés : on a un marché relativement faible avec Sonatrach parce que sa filiale Naftal a le droit d'importer des pneus qui viennent d'Asie et des Etats-Unis et de vendre à Sonatrach les pneus importés 15% plus cher que les pneus fabriqués en Algérie par Michelin. C'est de la concurrence déloyale », commente-t-il. Selon lui, Michelin est une réussite en Algérie et on a la possibilité de montrer qu'on peut réussir en tant qu'industriels en Algérie. Il faut que le pays « accélère le progrès, car le monde va vite, la concurrence étrangère se développe à toute vitesse et les marchés sont devenus mondiaux ».