Le gouvernement et les 48 walis se pencheront aujourd'hui et demain sur l'état d'avancement des chantiers lancés dans le cadre du programme présidentiel. Cette réunion, dont l'ouverture sera présidée par Abdelaziz Bouteflika, sera essentiellement axée sur l'état de la mise en application des recommandations et des décisions prises lors de la précédente rencontre gouvernement-walis, tenue en juin dernier. Il s'agit notamment des actions en relation avec le lancement des projets de l'autoroute Est-Ouest et des chemins de fer, de la revitalisation des zones rurales et de la nouvelle démarche de présentation du budget de l'Etat. Le président Bouteflika s'est montré insatisfait des rapports qui lui ont été présentés lors de la réunion de juin dernier. Des décisions ont été ainsi prises. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, avait promis à l'époque que les mesures préconisées lors de la précédente rencontre soient mises en application « à partir de la fin de l'été ou au plus tard en décembre 2006 ». Outre l'application de ces mesures, le gouvernement et les walis s'évertuent à établir un bilan exhaustif de leurs actions, notamment en ce qui concerne les programmes de développement local, le foncier économique, la gestion des villes et l'amélioration urbaine et l'état d'exécution des textes portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Cette rencontre constitue, aux yeux de M. Zerhouni, « une opportunité » pour situer les faiblesses constatées dans la réalisation des projets inscrits dans le programme quinquennal. « Cette conférence, à l'instar de celles qui l'ont précédées, est essentielle, compte tenu de l'importance du poids et du volume du programme d'appui à la croissance économique qui est en cours de réalisation », a-t-il indiqué hier dans un entretien à l'APS. Selon lui, ce sera l'occasion pour présenter « l'état de mise en application (…) de certaines actions sur lesquelles nous sommes en retard ». « Nous allons exposer la situation telle qu'elle se présente, mais l'objectif est de parvenir à des propositions pour essayer de revoir ce qui n'a pas fonctionné », a-t-il souligné. Cette réunion sera également, d'après lui, l'occasion de voir ce qui a été fait et s'échiner à trouver la meilleure manière de résoudre les principaux problèmes qui se posent à travers le pays et, en particulier, les difficultés rencontrées dans l'application du plan de soutien à la croissance économique. M. Zerhouni a relevé, à l'occasion, l'importance des retards enregistrés dans les programmes destinés au sud du pays et aux Hauts-Plateaux, tentant de les justifier par le manque de moyens de réalisation aussi bien humains que matériels. Le ministre a également souligné l'importance des fonds destinés au développement local, lesquels sont directement gérés par les walis. Fonds estimés à 3400 milliards de dinars. « Ce n'est pas une petite affaire », a-t-il soutenu, précisant que « c'est la première fois que l'Etat et l'administration algérienne ont à gérer une enveloppe budgétaire de cette importance et à laquelle s'ajoute l'ensemble des grands projets centralisés, à l'exemple de ceux de l'hydraulique, de l'autoroute et des chemins de fer qui vont poser de grands problèmes de mobilisation ». Il citera, dans ce sillage, le projet de l'autoroute Est-Ouest, qui s'étale sur quelque 1200 km et qui nécessite, selon lui, une mobilisation rigoureuse, non seulement au plan de la préparation des chantiers, mais aussi en termes d'expropriation des terrains occupés par des particuliers qui doivent être indemnisés. Le ministre a également soulevé le problème du détournement des réseaux routiers et des chemins de fer. LOURD CAHIER DES CHARGES De tels problèmes méritent, à ses yeux, d'être sérieusement discutés lors de cette rencontre. Comme il est aussi nécessaire de peaufiner la démarche visant à revitaliser les zones rurales. A ce propos, M. Zerhouni déplore l'absence de cohérence entre les programmes des différents secteurs destinés au développement de ces zones. Selon lui, il serait ainsi question de trouver le moyen de mettre en place un dispositif qui puisse coordonner toutes ces actions. Le gouvernement se penchera, avec les walis, sur le nouveau système de l'élaboration des budgets de l'Etat. « Notre but est d'expliquer d'abord la démarche de présentation du budget de l'Etat, mais aussi ses répercussions au niveau local », a-t-il indiqué. Le ministre s'est voulu plutôt rassurant par rapport à l'état d'avancement des différents projets. Il a indiqué, à cet effet, que sur plus de 16 000 projet inscrits, seuls 872 cas d'appels d'offres infructueux ont été enregistrés. Mais au-delà de l'autosatisfaction d'un ministre d'Etat, les populations de différentes régions du pays souffrent encore d'innombrables problèmes liés directement à leur vie quotidienne. La misère sociale, le chômage, le manque de prise en charge médicale, le manque de l'eau potable et bien d'autres problèmes qui persistent encore sont à l'origine d'émeutes qui éclatent par-ci et par-là aussi bien au nord qu'au sud du pays.