Monsieur le Président, Tout d'abord, en tant que citoyens algériens, nous vous souhaitons la bienvenue lors de votre visite prévue aujourd'hui 6 décembre 2017 dans notre pays. Les relations de nos deux nations sont parfois tumultueuses, parfois stables, et méritent d'être améliorées pour atteindre le haut niveau. Le peuple algérien et le peuple français ont paradoxalement un idéal commun : la liberté ! De Vercingétorix à Jeanne-d'Arc, de Jean Moulin au général de Gaulle... de Massinissa à Fatma n'Soumer, de l'Emir Abdelkader aux Hommes du 1er Novembre, l'esprit de résistance a prévalu face à l'occupation. Mais la comparaison s'arrête là, l'Algérie des Amazighs a connu la domination de la France coloniale, dont la conduite s'est dangereusement écartée de la Déclaration des droits de l'homme proclamée en 1789 ! Des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité dont les plus abominables ont été perpétrés un certain 8 Mai 1945 et les jours qui ont suivi, à Sétif, Guelma, Kherrata... (dont le nombre de victimes dépasse plusieurs dizaines de fois le massacre d'Oradour-sur-Glane par les nazis en 1944 ). Sans compter la répression, la dépossession des terres, la déportation, jusqu'à l'accaparement des crânes de résistants. Pendant la guerre d'indépendance —1954/1962 —, une longue liste de martyrs, de blessés, de handicapés, des milliers de villages détruits ont été inscrits sur le tableau noir de la colonisation ! Sans oublier les gens qui sont morts ou ont été blessés par l'explosion de mines disséminées à travers les frontières est et ouest du pays, ainsi que les victimes des expériences nucléaires... A cela se sont ajoutés les méfaits de l'OAS, qui ont accentué le fossé et provoqué la cassure entre les communautés. Il n'est pas dans notre intention de faire le procès de la colonisation, l'histoire l'a déjà condamnée, cependant le devoir de mémoire ne peut être occulté ! Monsieur le Président L'Algérie mérite d'être considérée comme un partenaire privilégié tant sur le plan politique qu'économique. Remémorez-vous son apport à l'économie française de par ses richesses agricoles et minières, sans oublier la contribution, certes modeste, de ses combattants à la libération de la France, tant à Verdun avec «les poilus» qu'à Monté-Cassino, sous les ordres du général Alphonse Juin, etc. C'est aussi grâce aux essais atomiques effectués dans le Sahara algérien que la France est devenue une puissance nucléaire. L'Algérie a été d'un apport certes modeste mais appréciable pour la grandeur de la France. Monsieur le Président «La présence française» en Algérie a été abominable que seule l'histoire peut décrire dans toute son horreur. Aussi est-il recommandé voire vital que le pays des droits de l'homme le reconnaisse officiellement. Des nations à travers le monde ont reconnu leurs crimes et même indemnisé les victimes, la France s'honorerait à le faire. La France du général de Gaulle et l'Allemagne du chancelier Conrad Adenauer se sont réconciliées et engagées à construire un avenir commun, un exemple qui tarde à se concrétiser entre la France et l'Algérie. Monsieur le Président Aussi, pour des relations sereines et apaisées, le gouvernement français doit faire preuve de courage et de lucidité pour s'imprégner d'une histoire douloureusement vécue et d'en admettre la tragique réalité dans toute sa dimension, s'imposer un esprit de justice et faire appel à la conscience pour réparer le mal de cette longue «nuit» coloniale. Sur ce, nous nous permettons de faire de modestes propositions que nous soumettons à votre haute autorité : - restitution de la totalité des archives ; - restitution des crânes de résistants ; - reconnaître les atrocités du passé colonial ; - indemnisation des victimes ; - signature d'un traité d'amitié et de coopération. Monsieur le Président, Nous souhaitons qu'un avenir prometteur puisse se concrétiser entre le pays des droits de l'homme et le pays des Amazighs, l'intérêt des deux peuples le recommande. Haute considération. Deux citoyens algériens.Hadj Ali Saïd email : [email protected] Oumoussa Lakhdar