Un bain de foule à Alger, une rencontre avec le président Bouteflika, des audiences accordées à des membres du gouvernement... Le président français, Emmanuel Macron, a achevé, hier, une visite de travail d'une journée à Alger, où il a lancé des messages sur la mémoire et l'avenir des relations bilatérales entre les deux pays. Arrivé au milieu de la matinée à l'aéroport international d'Alger, où il a été reçu par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, le chef de l'Etat français s'est offert un véritable bain de foule au cœur d'Alger-Centre. En effet, après un recueillement au Sanctuaire du martyr, Emmanuel Macron s'est rendu à la rue Larbi Ben M'hidi (ex- rue d'Isly), où il a entamé une promenade pédestre au milieu d'une foule, composée essentiellement de jeunes, venue à sa rencontre. Décontracté et souriant, l'invité du jour de la capitale a eu plusieurs échanges avec ceux qui sont venus l'accueillir. Et il a lancé ses messages sur l'histoire, la mémoire et sa conception de l'avenir. «Je sais, et c'est pour cela que je dis qu'il faut reconnaître les crimes du colonialisme. Mais il ne faut pas constamment que votre génération soit prisonnière du passé. La jeunesse algérienne ne peut pas toujours regarder son passé, elle doit aussi aller de l'avant», déclare-t-il en réponse à deux jeunes qui l'ont interpellé sur la question de l'histoire et la nécessité de reconnaître les méfaits du colonialisme français en Algérie. Et d'ajouter à leur adresse : «Votre génération doit chercher comment créer des emplois, comment elle peut être plus forte ici et comment construire son avenir.» Pour Emmanuel Macron, «les crimes du colonialisme ont été reconnus». «Il ne faut pas tout confondre dans votre tête. Il faut regarder notre passé, sans se perdre dans des confusions», dit-il à un autre jeune qui lui demande pourquoi «les crimes contre les juifs, les Arméniens… ont été reconnus, mais pas ceux dont ont été victimes les Algériens ?» «Visas ! Visas !» Comme ses prédécesseurs, en l'occurrence Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, Emmanuel Macron a été aussi interpellé, tout au long de son parcours qui l'a mené vers la place Emir Abdelkader, sur la question des visas. La demande est renouvelée plusieurs fois par des jeunes et même par des personnes plus âgées. «Des visas pour les jeunes, monsieur le Président», lui lâche une dame, présente dans la foule. «Visas ! Visas !» scandent également des jeunes. L'hôte d'Alger qui a entendu ces réclamations, ne fait aucune observation sur le sujet. Dans une déclaration à la presse, à l'issue de sa promenade, le chef de l'Etat français livre aussi un message aux jeunes. «Je veux transmettre un message au peuple algérien que je veux une France aux côtés de l'Algérie et qui aide la jeunesse algérienne à réussir», dit-il, ajoutant que le développement de la coopération bilatérale sera également un des grands dossiers de cette visite. Dans l'après-midi, Emmanuel Macron a reçu, tour à tour, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, avant de s'entretenir avec le président Bouteflika.