Visas, crânes des résistants algériens conservés à Paris, la décision de Trump de reconnaitre Al Qods «capitale d'Israël», tels sont les sujets phares abordés par Emmanuel Macron lors de la conférence de presse qu'il a animée en marge de sa visite en Algérie. A propos des visas, le président français a déclaré que ce n'est pas un projet de vie en réponse aux nombreuses sollicitations de jeunes Algériens qu'il a rencontré, lors de sa promenade pédestre à Alger. Concernant le dossier des 37 crânes de résistants algériens tués, durant la deuxième moitié du XIXe siècle, par l'armée française et conservés au Musée de l'Homme à Paris, Macron a affirmé que la question est close puisqu'il a convenu avec ses interlocuteurs algériens de leur restitution. « J'ai accédé à une demande plusieurs fois réitérée par les pouvoirs publics algériens d'avoir la restitution des crânes des résistants algériens et j'ai pris la décision de procéder, justement, à cette restitution », a-t-il précisé lors de la conférence de presse. Par ailleurs, le président français a qualifié de «regrettable» la décision de Trump de reconnaître Al-Qods capitale de l'Etat hébreu, appelant à «éviter à tout prix les violences». Rappelant la position de Paris et de Bruxelles pour une «solution de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux Etats», il a tenu à lancer «un appel au calme, à l'apaisement et à la responsabilité de tous». Sur un autre plan Macron a affirmé que l'intervention militaire conduite par la France, en 2011, en Libye, avait «compliqué» la situation dans ce pays. «Je ne crois pas que la politique d'intervention militaire, lorsqu'elle n'est pas inscrite dans une stratégie politique, puisse résoudre les crises (...), au contraire elle complique la situation», a répondu le président français à une question lors de la conférence de presse. Lors de sa courte visite en Algérie, Macron a été reçu par le président de la République Abdelaziz Bouteflika pour un entretien d'une heure qui a eu lieu en présence du président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, du Général de Corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), du ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel et du ministre des Finances, Abderrahmane Raouia. «Nous avons évoqué plusieurs sujets bilatéraux, notamment la volonté conjointe de renforcer les liens économiques ainsi que des sujets qui trouveront leur issue, lors de la 4ème session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français» qui se tiendra, jeudi à Paris, sous la présidence des deux Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Edouard Philippe, a déclaré Macron, à l'issue de son entretien avec Bouteflika. «Nous avons discuté de sujets internationaux de la décision que s'apprête à prendre le président américain Donald Trump (de reconnaître Al Qods comme capitale d'Israël), de trouver une solution à la crise en Libye, de la lutte contre le terrorisme dans la bande sahelo-saharienne», a-t-il ajouté dans une brève déclaration, à l'issue de la rencontre. Le président français a également reçu Ahmed Ouyahia ainsi que Ahmed Gaïd Salah. Emmanuel Macron avait été accueilli à son arrivée à l'Aéroport international Houari Boumediene' par Abdelkader Bensalah. Le locataire de l'Elysée s'était recueilli au sanctuaire du Martyrs, à Alger, à la mémoire des Chouhada de la guerre de Libération nationale. Il a déposé une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative des Martyrs et observé une minute de silence, à leur mémoire. Macron s'était offert une promenade pédestre à Alger-Centre où il été accueilli à son arrivée à la Grande Poste par le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh et le président de la commune d'Alger-Centre, Abdelhakim Bettache. Lors de cette promenade, le chef de l'Etat français a emprunté la rue Larbi Ben-M'hidi, serrant des mains et échangeant des propos avec des citoyens avant de se diriger vers la Place de l'Emir Abdelkader. Il a achevé sa promenade à la Librairie du Tiers Monde. S'adressant à la presse, Macron a déclaré sa volonté de «transmettre un message au peuple algérien», précisant que le développement de la coopération bilatérale, «en matière économique et de sécurité collective», sera également un des grands dossiers de cette visite. Sur la question de la mémoire, il a indiqué que ses positions concernant cette question «n'ont pas changé», souhaitant ouvrir une «page d'avenir» dans les relations algéro-françaises. Le président français devait s'envoler, en fin de soirée d'hier, pour une visite officielle de quelques heures au Qatar.