Un bras de fer est engagé entre le président du comité de wilaya et le président du comité communal de Béjaïa prolongeant une situation d'instabilité du CRA dans la wilaya. Le comité local du Croisant-Rouge algérien de Béjaïa vit des jours mouvementés, du fait d'un bras de fer qui s'est engagé entre deux parties qui se disputent les rênes des structures. Samedi dernier, quelques membres du comité communal de Béjaïa, rejoints, affirment-ils, par leurs camarades d'autres comités communaux du CRA, ont manifesté devant le siège de la wilaya pour exiger le départ inconditionnel du président du comité de wilaya, Bouzid Belkacem, qu'ils accusent d'«abus d'autorité». Celui-ci se défend et minimise ce mouvement qu'il circonscrit au seul bureau communal du chef-lieu de wilaya, accusé de «rébellion». Pour renforcer leur action, les mécontents du CRA ont lancé une pétition pour le retrait de confiance à Bouzid Belkacem, qu'ils accusent d'avoir dissout des comités communaux élus, les remplaçant «illégalement» par de nouvelles équipes. L'enjeu, selon eux, est d'ouvrir la voie pour un nouveau mandat en prévision de l'AG élective prévue l'année prochaine. Bouzid Belkacem a été installé dans son poste de président du comité de wilaya par Saïda Benhabylès, la présidente du CRA, ce qui lui donne des arguments pour défendre sa «légitimité». Mais pour ses détracteurs, cette installation est «illégale». Le conflit, qui ne date pas d'aujourd'hui, reflète les dissensions qu'a connues le CRA à l'échelle de ses structures nationales. A Béjaïa, il s'est exacerbé le 28 novembre dernier, lorsque le président du comité de wilaya a fait intervenir la force publique pour faire expulser les membres du comité communal, dont son président, Hocini Yazid, en application d'une décision de justice. Une longue bataille juridique a accompagné les profondes dissensions du comité. Le verdict de l'expulsion est tombé après que la justice a été actionnée en référé en juin dernier par le président du comité de wilaya. Convoitises Dans une déclaration publique, les protestataires disent ne pas comprendre «comment une décision de justice peut affirmer qu'un président, élu par une assemblée générale, peut être limogé sur une simple décision d'un président de comité de wilaya». «Un abus de pouvoir» considèrent-ils. En première instance, le tribunal s'est déclaré incompétent et a conclu à la nécessité d'enquêter davantage sur ce qu'avance chacune des deux parties. La justice, suite à un recours, a finalement décidé de l'expulsion, se référant à une décision d'annulation de l'AG élective du comité local et de la dissolution de celui-ci. Le verdict a sonné les membres du comité local, qui estiment que «les premiers textes auxquels on doit se référer sont les statuts et le règlement intérieur de l'association et la loi 12/06 sur les associations», mettant en avant leur statut «d'élus». «La magistrate implique la justice, en référé, en validant la dissolution d'un comité élu, et le limogeage d'un président élu. Elle affirme par ailleurs l'absence de conflits antérieurs entre les parties», écrivent les élus déboutés. Ils crient à l'injustice, au moment où leur accusateur crie à leur «illégitimité». La décision de justice n'a pas pour autant mis un terme au conflit. En 2016, le président du comité de wilaya, qui a désespéré de la récupération des clés du siège du comité local et de son cachet, a demandé et obtenu le blocage des comptes bancaires du comité communal. Celui-ci a esté en justice la BNA et obtenu le déblocage. Le bras de fer a continué en coulisses en même temps que le comité communal a tenté de continuer d'activer. La dernière décision de justice est intervenue alors que le comité communal attend la réponse à son recours introduit auprès de la Cour suprême. Ce n'est pas la première fois que le Croissant-Rouge algérien vit des crises. Il ne se passe pratiquement pas un mandat sans qu'il y ait des brouilles. D'aucuns expliquent cela par les convoitises que le comité susciterait. Comme une fatalité, le CRA est-il condamné à vivre des conflits cycliques ?