Hadj Hamou Ben Zguir a été élu hier président du Croissant-Rouge algérien (CRA), au deuxième et dernier jour de l'assemblée générale de l'organisation humanitaire. Le nouveau président, 56 ans, médecin de formation, a été élu par la majorité absolue des 184 délégués, représentant les comités locaux des 48 wilayas. Le Dr Ben Zguir était l'unique candidat en lice. Le CRA n'avait plus de président depuis le décès de Abdelkader Boukhroufa, fin 2004. En septembre 2004, une assemblée générale élective qui devait être tenue par les instances intérimaires a été annulée par le ministère de la Solidarité nationale, « tutelle financière » du CRA. Le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, s'étant appuyé sur le fait qu'il y avait des dilapidations dans l'organisation humanitaire. A l'instar de nombreux comités de wilaya, la brigade économique et financière de la wilaya d'Alger avait été saisie sur des « dépenses abusives » engagées par ce comité.La crise avait amené les pouvoirs publics à mettre sur pied un comité intersectoriel composé de représentants de 8 ministères afin d'aller à une « assemblée générale élective légale ». Entre-temps, le CRA était géré depuis janvier 2005 par un comité de direction provisoire, ce qui a suscité des réactions hostiles de la part des dirigeants « remerciés » du CRA. Ces derniers estimaient que le CRA est une ONG « indépendante » et que les « interférences » du ministère de la Solidarité ne faisaient que ternir l'image de cet organisme humanitaire. Lors de l'ouverture de l'AG, ce week-end au Palais des nations, M. Ould Abbès a déclaré avoir constaté « des anomalies ». « Il y a eu une enquête de la police économique et l'affaire est actuellement en justice », a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse. « Il y a eu abus de biens sociaux et des dilapidations de deniers publics au CRA. Je me devais d'intervenir, car il ne faut pas oublier que le CRA est un organisme humanitaire auxiliaire de l'Etat, selon le décret régissant ses missions », a-t-il expliqué, ajoutant que l'enquête a révélé l'existence de 41 comptes bancaires, « ouverts au nom du CRA pour des motifs personnels ». « Je ne peux pas vous communiquer de chiffres à cause du secret de l'instruction, mais je peux vous dire qu'il y a eu énormément d'argent détourné. C'est impensable, je suis outré », a-t-il ajouté. « Nous avions opéré un toilettage de l'institution de manière à lui rendre son opérationnalité effective, à en assainir le patrimoine et à l'étoffer en moyens humains nécessaires », a-t-il enchaîné. Le Croissant-Rouge algérien (CRA) a adopté un nouveau statut, instaurant, pour la première fois, une séparation de la gouvernance et de la gestion. Cinq instances sont chargées de la gouvernance du CRA (assemblée générale, président, conseil national, conseil d'administration et comité directeur), alors que la gestion est désormais du ressort d'un secrétaire général « rémunéré ». « Il est recruté par le conseil d'administration, sur la base de critères clairement prédéfinis (...) il est le plus haut fonctionnaire » du CRA, indique l'article 44 du nouveau statut.