Même s'il n'était pas présent à cette rencontre, le roi Salmane d'Arabie Saoudite a réitéré, depuis Riyad, le droit des Palestiniens à un Etat indépendant avec Al Qods-Est pour capitale. Les leaders du monde musulman, dont l'organisation, l'OCI, (Organisation de la conférence islamique), qui étaient réunis hier en sommet extraordinaire à Istanbul, ont appelé le monde à reconnaître Al Qods (Jérusalem-Est) comme capitale d'un Etat palestinien en réponse à la décision unilatérale américaine de considérer la ville sainte comme capitale d'Israël. «Nous proclamons Jérusalem-Est capitale de l'Etat de Palestine et appelons les autres pays à reconnaître l'Etat de Palestine et Jérusalem-Est occupée comme sa capitale», ont-ils déclaré dans un communiqué publié à l'issue de la réunion consacrée justement à l'examen des répercussions de la reconnaissance, par le président Donald Trump, d'Al Qods comme capitale d'Israël et le transfert de sa mission diplomatique dans cette ville sainte. La décision du président américain, signale-t-on, continue de soulever des vagues de condamnations dans le monde arabe, dans les rues palestiniennes et dans les grandes capitales. Même s'il n'était pas présent à cette rencontre, le roi Salmane d'Arabie Saoudite a réitéré aussi depuis Riyad le droit des Palestiniens à un Etat indépendant avec Al Qods-Est pour capitale. «Le royaume ne cesse d'appeler à des solutions politiques aux crises et aux problèmes de la région et, en premier lieu, à la question palestinienne» avec «le droit des Palestiniens de recouvrer leurs droits légitimes, dont le droit de proclamer un Etat indépendant avec Al Qods-Est pour capitale», a dit le souverain saoudien, à l'ouverture de la session annuelle du majlis al choura, l'assemblée consultative. Le roi Salmane a répété «la condamnation du royaume» et «ses profonds regrets» après la décision américaine sur Al Qods, qui, a-t-il dit, «est profondément partiale et va à l'encontre des droits historiques du peuple palestinien sur Al Qods occupée». Ces droits ont été «garantis par des décisions internationales et ont reçu l'appui et le soutien de la communauté internationale», a-t-il rappelé. Rapprochement israélo-saoudien ? Le rappel du roi Salmane intervient à un moment où le New York Times soutient mordicus que l'Arabie Saoudite a proposé une nouvelle initiative de paix dans laquelle la ville d'Abu Dis, près de Jérusalem, deviendrait la capitale d'un futur Etat palestinien. Selon le quotidien, le prince héritier Mohammed Ben Salmane a exposé sa proposition au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors de sa visite surprise à Riyad le mois dernier. Pour beaucoup d'observateurs, cet élément ne fait que confirmer le rapprochement entre Riyad et Tel-Aviv. Un rapprochement entamé dans le plus grand secret depuis des années. Les deux capitales prévoiraient, ajoute-t-on, d'unir leurs forces pour neutraliser l'Iran, un pays qu'elles considèrent comme étant leur plus grand ennemi dans la région. D'autres sources ont évoqué une volonté des Saoudiens d'écarter l'actuel président de l'Autorité palestinienne du pouvoir. Présent également à ce sommet extraordinaire de l'OCI, Mahmoud Abbas a accusé Donald Trump d'avoir «offert Jérusalem en cadeau au mouvement sioniste» et estimé que les Etats-Unis n'avaient plus de rôle à jouer dans le processus de paix. «Jérusalem est et restera éternellement la capitale de l'Etat de Palestine (...) Et il n'y aura ni paix, ni stabilité sans cela», a ajouté M. Abbas dans un discours à l'ouverture de la rencontre. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté de son côté la communauté internationale à reconnaître Jérusalem-Est pour la «capitale de la Palestine». Le président turc avait affirmé le 10 décembre dernier que son pays «n'abandonnera pas Jérusalem à la merci d'un Etat terroriste qui tue des enfants». Le président américain a, rappelle-t-on, affirmé le 6 décembre dernier que «les vieux défis nécessitent une nouvelle approche». «Il est temps d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël», avait-il déclaré, passant outre aux mises en garde venues de toutes parts et marquant une rupture avec ses prédécesseurs. Il a ordonné, dans la foulée, de préparer le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. L'initiative américaine a aussitôt suscité une vague de réprobation dans le monde entier. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait alors jugé que les Etats-Unis sapent «délibérément tous les efforts de paix» et abandonnent leur rôle historique de «sponsor du processus de paix». Le président Mahmoud Abbas et le roi Abdallah de Jordanie ont ajouté que toute mesure modifiant le statu quo sur Jérusalem est «invalide». Le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a appelé à une nouvelle intifadha, avait jugé pour sa part que l'annonce a ouvert «les portes de l'enfer» pour les intérêts américains dans la région. Sur le terrain, le Moyen-Orient a connu hier sa septième journée de manifestations. Et pour beaucoup, ce n'est que le commencement.